Banlieue-land
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Atteindre le sommet coûte que coûte, voilà ce que désire le personnage de
Dounia incarnée par l'époustouflante Oulaya Amamra. L'affiche du film
pourrait suffir à elle-même : elle, Dounia avec sa longue chevelure noire au
vent le bras levé vers le ciel avec sa meilleure amie Maimouna portant une
perruque blonde. Lèvres peintes en rouge soulignant leurs sourires ravageurs,
elles partent à la conquête du monde fières et victorieuses. Rien ne leur fait
peur car elles tutoient les anges.
Avant tout, un sommet purement matériel révélé lors de la scène de
confrontation dans la salle de classe entre elle et sa professeur qui essaye de
la préparer à l'examen pour être hôtesse d'accueil. Cette dernière lui
demande ce qu'elle veut faire dans la vie, elle lui répond en faisant semblant
d'avoir une liasse de billet : « Comme tout le monde : money, money, money ! »
pour ensuite se tournait vers le reste de la classe pour les faire joindre à son
show caricaturant cette imagerie véhiculée par les clips de rap ou le milieu du
bling bling : liasse de billet, belles femmes et autres signes ostentatoires
luxueux. Faire de la money, être millionnaire pour quoi au final ?
Cette conquête monétaire va pouvoir se réaliser en rencontrant la dealeuse la
plus respectée du quartier : Rebecca. Admirative de cette « queen » du deal,
elle y voit, dans un premier temps, une référence féminine à l'inverse de sa
mère absente qui n'arrive à rien à part s’apitoyer sur son sort. Imposante,
cette chef règne en maître sur son territoire et distribue les tâches et rôles
hiérarchiques de chacun où Dounia va réussir à s'affirmer. De la guetteuse
près des caves à la complice clé d'un complot pour reprendre l'argent qu'un
homme fortuné lui a volé, elle devient une alliée indiscutable du business de
cette « daronne » autoproclamée.
On rêve, on grandit, on rit et on pleure face à ses deux acolytes prête à tout
pour exister. Une amitié entière sans borne et pleine d'audace telle qu'on
rêve de filmer et voir projeter sur un écran. Sa rencontre avec le danseur va la
bouleverser et l'a faire sortir de sa carapace qu'elle s'est forgée pour survivre.
La « bâtarde » n'est plus : c'est Dounia qu'apparaît et accepte de s'ouvrir
enfin. L'Amour compte triompher au milieu des coups.
Hélas, le mirage matériel tombe, s'envolant en fumée dans une sombre cave où
l'union sacré de ses deux amies se terminent : Maimouna s'envole
définitivement vers les cieux pendant que Dounia est condamnée à vivre.
Une fin tragique mais lunaire, car que nous reste-t-il quand on a tout perdu ?
Se remettre à cette vive lumière nocturne porteuse de sens et de spirituel.
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Créée
le 18 oct. 2022
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