1999: Camilla quitte les paysages lumineux du Valdobbiadene pour suivre des études de littérature russe à Venise. Sur le vaporetto qui l'emmène à son futur domicile, une petite maison sans confort dans une île de la lagune, elle remarque Silvestro, un garçon qui cache sa timidité derrière des facéties roublardes. Lui aussi vient d'arriver à Venise et lorsque la navette atteint la dernière station, il suit la jeune fille sur le débarcadère... Parfaitement réussie, la scène d'ouverture nocturne de Dieci Inverni, premier film de Valerio Mieli, donne le ton d'une comédie romantique légère, empreinte toutefois dune certaine gravité. Des espaces fantomatiques et délabrés de la lagune vénitienne servent de décor privilégié à une histoire d'amour sans cesse repoussée et contrariée. Il faudra dix ans, ou plus exactement dix hivers, pour que cette idylle refoulée trouve sa logique conclusion, entre Venise et la Russie, où la jeune femme part s'installer. Est-ce ses références tchekoviennes ou les séquences tournées à Moscou, toujours est-il qu'on ne peut s'empêcher de penser aux Quatre nuits dun rêveur, la nouvelle de Dostoïevski qui fit l'objet de deux belles adaptations de Visconti et Bresson et inspira James Gray pour Two Lovers. S'il n a certes de loin pas le sens de la mise en scène de ces illustres cinéastes, Valerio Mieli parvient toutefois, grâce notamment à l'excellence de ses deux interprètes principaux à capter tout le potentiel romanesque de ce conte d'hiver à épisodes.