Django : idole parmi les oubliés

Django retrace l’histoire d’un homme d’exception, plongé dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale. Django Reinhardt, jazzman de renom est le sujet principal du premier long-métrage d’Étienne Comar, qui permet d’aborder, en raison des origines tsiganes du musicien, le destin de ce peuple persécuté par l’Allemagne nazie et ses multiples alliés.


Ce qui frappe d’emblée dans cette œuvre, c’est sa puissance visuelle, portée par une photographie particulièrement maîtrisée. Une esthétique travaillée et poétique qui fait immédiatement sens avec l’intrigue principale du film qu’est le destin particulier du mythique musicien Django Reinhardt. Ce traitement distingue l’oeuvre parmi ses pairs, habituellement composées d’une photographie plutôt terne, censée représenter la sombre atmosphère de ces temps tourmentés. Django nous plonge dans cette période sombre de l’Histoire, dont l’immersion est facilitée par un travail remarquable effectué sur les costumes des divers personnages de l’intrigue. Même si elle aborde pleinement le thème de la guerre, l’œuvre n’en demeure pas moins grandement centrée sur la musique et nous offre une bande-originale de qualité, composée par Warren Ellis et interprétée par le Rosenberg trio. La virtuosité du musicien, aujourd’hui encore établi comme l’un des plus grands jazzmen que le monde ait connu, est visible dans les nombreuses scènes d’interprétation rythmant le film. Traitant principalement de la musique de Django Reinhardt, le film n’en oublie pas pour autant son contexte historique et permet d’aborder une partie de l’histoire encore peu étudiée qu’est le sort des Roms dans la Seconde guerre mondiale.


Sujet nettement moins traité que le sort des Juifs dans le conflit, tout comme l’est celui des handicapés et des homosexuels, le destin de cette communauté n’en est pas moins abordé sous le prisme biaisé du célèbre musicien. Même si, comme le dit Kateb dans le film, Django se sentait toujours lié à sa communauté d’origine, celui-ci n’en demeurait pas moins coupé des dures réalités vécues par son peuple, protégés par son talent et son statut privilégié. Ce film d’Étienne Comar n’en demeure pas moins louable d’un point de vue historique, en éclairant une part encore mystérieuse de notre passé. De plus, la relation liant le musicien à la résistante Louise de Klerk permet également d’explorer ce réseau complexe et engagé qu’était la Résistance française. Le dévouement et les sacrifices acceptés par cette femme traduisent le courage dont a pu faire preuve une part de la population de l’époque, dévouée tant au succès de son armée rebelle qu’à la survie – lorsqu’ils le pouvaient – de certains citoyens « hors la loi » en raison de leurs origines. Loin de verser dans une héroïsation excessive, le film met également à jour quelques uns des paradoxes de ce réseau qui perdait parfois de son humanité, tant il était tourné vers le succès militaire de son entreprise. La relation liant Louise et Django représente une opportunité pour ce dernier de fuir l’oppression nazie. Les scènes partagées entre Reda Kateb et Cécile de France démontrent toute l’habileté de ces deux acteurs, particulièrement touchants et crédibles dans leur rôle respectif. Un lien qui aurait toutefois mérité d’être davantage creusé, tant cette dernière semble est riche d’un passé commun et passionnel.


Conventionnel dans sa narration, Django se révèle être un beau film musical, bercé par l’interprétation du Rosenberg trio. Le duo De France-Kateb fonctionne à merveilles et porte ce film historique classique mais nécessaire en raison de l’éclairage – certes minime – qu’il offre sur une partie encore ignorée de l’histoire.


Scotchés

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le 26 avr. 2017

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