La violence engendre la violence
Merci. De quoi ? De ce que tu as fait pour moi. Je ne l'ai pas fait pour toi. Merci quand même. Arrête de me remercier. Qui sait si j'ai bien fait. Je te remercie parce que,...
le 24 juil. 2020
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- Merci.
- De quoi ?
- De ce que tu as fait pour moi.
- Je ne l'ai pas fait pour toi.
- Merci quand même.
- Arrête de me remercier. Qui sait si j'ai bien fait.
- Je te remercie parce que, l'espace d'un instant, j'ai eu l'impression d'être protégée et aimée.
- Alors, autant que l'illusion soit complète. De courte durée, mais complète. ( Django déshabille la fille )
Django, le western légendaire qui a inspiré Quentin Tarantino... film culte de Tarantino... bla bla bla... c'est aussi le film culte de mon voisin, et donc ? Marre de lire à chaque fois ces anecdotes autour de ce film, qui vient même gâcher les jaquettes du long-métrage en marquant bien gros en plein milieu "TARANTINO" (alors qu'il est marqué en tout petit Sergio Corbucci), comme si Django ne pourrait pas exister sans les oeuvres de Tarantino. Je ne déteste pas mister Tarantino, bien au contraire, mais là on parle d'une oeuvre signée Sergio Corbucci (un des trois fameux Sergio) sortie en 1966, et je pense que c'est largement suffisant pour qu'on en parle sans passer forcément par la case Tarantino.
Sergio Corbucci présente avec Django et son personnage principal iconique joué par Franco Nero, un western considéré comme un classique qui à une époque a révolutionné le genre ( même celui Italien) en remodelant le western, lui assurant un côté plus fantastique, jouissif, surréaliste, sadique et barbare. Une conduite qui inspirera plus d'un western dont un petit paquet de suites plus ou moins indirectes à Django. En reste aujourd'hui une oeuvre incontournable, exaltante et étonnamment graphique pour son époque, sans être pour autant un chef-d'oeuvre. Car s'il renouvelle le genre, il en est pas moins assez maladroit sur certains points. C'est un bon western spaghetti, loin d'être excellent, qui plaira certainement aux fans inconditionnels du sous-genre, mais qui décevra probablement ceux qui recherchent quelque chose de plus performant et profond comme : le travail incroyable de Sergio Leone sur Le Bon, la Brute et le Truand, ou encore Le Dernier face à face de Sergio Sollima.
L'intrigue présente le récit emblématique et mystérieux de Django, un obscur pistolero errant à pied dans une ville fantôme, trainant derrière lui un cercueil qui le suit partout, ainsi qu'une prostituée du nom de Maria incarnée avec allégresse et beautée par Loredana Nusciak. Django se retrouve dans une ville servant de zone neutre à deux clans en guerre, les Mexicains : guidé par le général Hugo Rodriguez par José Bodaló personnage amusant et nuancé, et un mouvement proche du Ku Klux Klan : guidé par le major Jackson par Eduardo Fajardo, qui sans être charismatique amène un peu de nouveauté par le racisme qu'il incarne (sujet presque tabou dans le western américain). Django cherche à tirer profit de la situation afin de se venger de la mort de celle qu'il aimait, tout en s'en mettant plein les poches : quand on peut joindre l'utile à l'agréable faut pas se priver. Le récit présente un complot simple au schéma habituel, ne prenant aucun gant afin d'aller droit à l'essentiel : nous en mettre plein la vue, le plus rapidement possible avec des affrontements spectaculaires et brutal. Un excès de violence totalement jouissif qui n'a pas peur du ridicule, réussissant ma foi à être efficace.
Avec un savoir-faire visuel étonnant, Corbucci capture les fusillades de manière intense, amenant des séquences d'actions assez uniques par des scènes de violences prononcées et sanglants, ainsi que des phases de dialogue ne manquant pas de piquant, mais certainement de nuance vu la texture un peu niaise de certains textes. Le cadre où se passe l'histoire est une réussite totale, avec son contraste cataclysmique où la morale n'a plus sa place. Une ville abandonnée et mortifère angluée dans une boue épaisse refusant de relâcher son emprise, où ne subsiste plus qu'un saloon avec le bordel et les prostituées qui l'agrémente, appartenant à Nataniele, personnage très appréciable incarné par Ángel Alvarez. L'élégante et violente direction de Corbucci réussit à rendre un travail visuel satisfaisant (même si certaines faiblesses de réalisation sont à constater), le tout sublimé par l'intrigante partition de Luis Enriquez Bacalov, sans oublier la chanson phare et accrocheuse du film, chanté par "Rocky Roberts" que l'on peut entendre lors de la scène d'ouverture.
Django possède plus d'une séquence marquante comme la scène d'ouverture qui est tout bonnement fantastique, avec un générique entraînant amenant sur le sauvetage de Maria, qui est fouettée par des sadiques d'un pseudo Ku Klux Klan. L'affrontement dans la boue entre Django armée d'une sulfateuse contre quarante-huit soldats du pseudo Ku Klux Klan est amusant, le KKK en prend plein la tronche. Puis la scène de torture sur Django où celui-ci se fait broyer les mains après un passage à tabac, puis un écrasement de plusieurs chevaux. Tout de même bravo à Django pour n'avoir perdu aucun doigt dans l'histoire. Le duel final me fait marrer, Django ne bouge pas, il n'arrive pas à saisir son pistolet et les autres tirent dans le vide durant plusieurs secondes, alors que bien avant on avait pu voir à quel point le major Jackson est doué du fusil lors d'une scène de présentation du personnage très réussi, où il s'amuse à faire du tir au pigeon avec des pauvres paysans mexicains. Totalement love de la séquence avec les prostituées qui se battent dans la boue.
Enfin parlons de Django incarné par Franco Nero. On ne va pas se mentir, le gars est un pur fantasme masculin sous testostérone, véritable mâle alpha aux yeux bleus perçants. D'un regard il te bouffe. Malgré son statut d'icône (que je valide) et son charisme évident, je trouve que le comédien surjoue sur quelques scènes. Son côté taciturne est tellement appuyé (bien plus qu'un Clint Eastwood), que celui-ci en devient presque une caricature, avec sa tête constamment penché de côté légèrement en arrière. De temps en temps, l'espace d'une minute, Clint arrive à lâcher la pression, Django lui jamais, même pas lorsqu'il est dans les bras d'une femme. Enfin j'ai trouvé amusant le choix du nom de son personnage principal : " Django." Voici ce qu'en dit Sergio Corbucci :
"" Je suis passionné de Jazz, et le nom d'un célèbre Jazzman m'a toujours fasciné : Django Reinhardt. Ainsi, dès que j'en ai eu la possibilité, j'ai utilisé ce nom pour le personnage de mon film, et je dois avouer qu'il m'a porté chance. ""
CONCLUSION :
Django est un western spaghetti de Sergio Corbucci, pour le moins atypique, amenant une bouffée plus fantastique et sadique à travers des confrontations jouissives, dans un récit violent voulant avant tout rendre son sujet divertissant et plaisant par l'image. Avec son histoire simple et bien menée, à la partition nuancée et à l'esthétique boueuse et rouge sang, le long-métrage repousse les limites du genre et ouvre la voie à un schéma d'action beaucoup plus brutal et axé pour les adultes et non la famille. On sent tout du long l'improvisation autant dans l'écriture que dans le jeu des comédiens ce qui ne favorise pas à rendre l'expérience incroyable, mais cela reste au moins jouissif et décomplexé.
L'esprit d'une bonne série B dans toute sa splendeur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste « WESTERN ! » : classement du meilleur au pire des films du genre
Créée
le 24 juil. 2020
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