Le film s’ouvre avec un texte écrit par Jean Cocteau, qui commence ainsi : « Django mort, c’est un de ces doux fauves qui meurent en cage. Il a vécu comme on rêve de vivre : en roulotte ».
Ce court métrage qui est consacré à Django Reinhardt nous fera voyager sur les chemins de la destinée du grand guitariste. Sur la route qui mène de Saint-Germain des Prés à Samois-sur-Seine, on passe à côté de l’aéroport d’Orly, qui fascine déjà, quelques années avant La Jetée d’un Chris Marker qui a d’ailleurs participé au film en écrivant un joli texte, prononcé sobrement par Yves Montand.
De belles images en noir et blanc illustrent ce que Django Reinhardt trouva à Samois, au bord de la Seine : « pour lui le gitan, voué aux roulottes, une maison n’était possible qu’à condition que ce soit la route qui bouge devant elle, et pour cela il avait la Seine »
Ce documentaire sur Django Reinhardt a été réalisé en 1957, peu d’années après sa mort. Après une courte introduction, on revient classiquement sur son parcours, de façon chronologique, depuis sa naissance à Liverchies en 1910 jusqu’à sa mort à Samois en 1953, en passant par son accident ou son succès dans les années 30, mais le film ne nous offre pas grand-chose sur la période de l’Occupation.
Les auteurs mettent l’accent sur sa passion pour la musique, évidemment, mais aussi sur la culture gitane, avec entre autres des images très intéressantes de procession aux Saintes-Maries-de-la-Mer. A ce titre, ce film est peut-être autant un documentaire sur les Roms ou sur les années 50 que sur Django : on a là de précieuses images du temps d’alors, agrémentées comme il se doit de la musique de Django Reinhardt.
Le film est un mélange d’images d’archives, de vues de l’époque (notamment des lieux où Django a vécu et travaillé) mais aussi de scènes de reconstitution pas toujours heureuses, même si on a fait participer pas mal de musiciens au film pour cet hommage, notamment Stéphane Grappelli et Joseph Reinhardt : un film « qui les a rassemblés une fois encore, pour retrouver à travers le souvenir de Django, et à travers tout ce qui est gitan en nous, le rythme d’une vie et d’une liberté, qu’il a menée jusqu’au bout, avec la candeur et l’entêtement d’un doux fauve ».