Alors oui certes, Tarantino n'a pas cessé de faire de bons films, des films plus ou moins funs mais dont je ne pouvais m'empêcher de noter une petite baisse de régime. Au point de lui reprocher d'être peu à peu plus que l'ombre de lui-même.
A faire "que" du Tarantino. Du pur produit d'usine. Et ce en passant par un Death Proof très moyen et un Inglourious Basterds plutôt cool mais sans génie. Mais ici, plus que le personnage principal de l'oeuvre en question, c'est surtout lui qui se déchaîne une bonne fois pour toutes pour régler ses comptes et livrer un cadeau aussi explosif que jubilatoire.
D'abord en transcendant définitivement les codes référentiels qu'il chérit, non pas pour y marquer gratuitement sa patte cette fois-ci mais pour offrir du VRAI bon cinéma, digne de ses débuts. Et ça, ça veut dire : Une réalisation solide, des putains de bons plans, de beaux décors, une belle histoire, une photographie superbe, des personnages charismatiques interprétés par un casting béton avec des dialogues mémorables, des séquences d'une violence jouissive dont les détonations de balles et les flaques de sang exacerbées sont enfin à la mesure de l'uppercut que les fans risquent de se prendre en pleine poire. Sans compter les musiques, (dont certaines absolument sublimes) toujours placées au bon moment et qui en plus se fondent bien dans l'ambiance même quand quelques-unes penchent a fond vers l'anachronisme. Si on connait son talent particulier pour instaurer des morceaux de qualité dans ses films, il n'a pas manqué d'audace en optant pour quelques morceaux de rap dans une ou deux scènes. Surprenant comme ça passe bien même si ça déstabilise un peu les premières secondes.
Il réussit enfin a capter de nouveau la frénésie que j'ai tant aimé en découvrant Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown. Mieux, il maîtrise son casting cinq étoiles avec une maestria qui donne instantanément le sourire aux lèvres et je ne parle pas de l'ordinaire sourire de tous les jours. Je parle du grand, le beau, le vrai.
Celui du spectateur en extase totale.
En commençant par Christoph Waltz qui parvient en très peu de temps a faire oublier son personnage d'Hans Landa dans Inglourious Basterds. Ce dernier obtient une nouvelle fois un personnage fort, drôle, digne de son talent et qui se permet en plus de garder son grand statut de "scene-stealer" dans bon nombre de scènes malgré la concurrence plus élevée qu'autrefois. Car c'est aussi la grande spécialité de Samuel L. Jackson, dont la présence se faisait tarder mais qui remporte aisément la palme du personnage le plus hilarant du film, extrêmement à l'aise dans son personnage sénile et grossier.
Mais la grande cerise sur le gâteau :
Tarantino offre à mon sens, un des meilleurs rôles de Leonardo DiCaprio.
Sa prestation a fait couler beaucoup d'encre dès le départ et je le confirme, c'est clair et net, il a vraiment assuré jusqu'au bout dans ce film. Lui qui semblait être habitué depuis Gangs of New York a incarner des personnages aux sourcils froncés, souvent perturbés, mais toujours bien interprétés, je dois le reconnaître. On le retrouve ici complètement en forme dans son premier grand rôle de méchant, en sadique propriétaire terrien dont la simple présence à l'écran procure un bien jubilatoire tant il joue à la perfection un rôle à contre-emploi et dont on se délecte à chacune des répliques qu'il balance avec une énergie communicative incroyable. Le genre de performance où l'on sent que l'acteur a du s'amuser comme un fou sur le plateau en lisant ses dialogues de script, au point de lui pardonner quelques excès de cabotinage. Car s'il y a un acteur qui avait bien besoin de cabotiner "façon Nicolas Cage" ces dernières années, c'est bien lui. Il l'a mérité et une fois de plus il est excellent !
Une telle filmographie à même pas 40 balais, c'est impressionnant. Il est très loin maintenant le petit minot qui faisait mouiller les culottes des minettes dans Roméo + Juliette et Titanic.
Même Jamie Foxx qui m'avait laissé de marbre dans la bande-annonce s'avère très convaincant dans la peau de Django au point de se l'approprier complètement au fur et à mesure que le film avance et d'être définitivement indissociable au personnage à mes yeux juste après le visionnage. Ce n'est pas un acteur qui me met toujours d'accord, j'avais même peur de sa place dans le casting du film mais force est de constater que depuis Collateral et Ray, il est vraiment capable de grandes choses quand il est bien dirigé.
Alors voilà, plus que jamais, Quentin Tarantino est bel et bien de retour avec son western-spaghetti et cette fois il fait tellement mal que t'en deviens vite maso. Le genre de "coup de fouet" dont tu te rends compte tout de suite après coup qu'il t'a manqué comme pas possible et tu te dis qu'il a vraiment intérêt à rester dans les parages car il a encore beaucoup de choses à raconter. Avec Django Unchained, il signe plus que jamais un futur grand classique. Un rêve de gosse. Un film dont on voit jamais le temps passer et que j'hésiterai certainement pas à revoir, seul ou a plusieurs mais surtout lors des bonnes soirées/ciné/dvd organisées entre potes.
Un film fait par un cinéphile pour les cinéphiles ET les autres en prime.
Le genre de film où tu vas connaître les scènes et les dialogues par coeur.
Le genre de film que t'es pas prêt d'oublier surtout si t'as toujours été fidèle à QT.
Un putain de bon film, vraiment.