Le maitre est de retour et en mode vraiment unchained !
Cela fait plus de 20 ans que Quentin Tarantino est passé du statut de spectateur à celui de réalisateur. Cinéphile invétéré, il a grandi avec les « Westerns Spaghettis » de son idole Sergio Leone et il aura fallu attendre 2013 pour que ce génie du 7ème art se lance dans la réalisation de sa propre vision du western. Tarantino a ainsi entrepris le plus long tournage de sa carrière, avec 130 jours de tournage.
L’histoire se passe dans le sud des Etats-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession. La traite négrière bas alors son plein dans les plantations de coton. C’est dans ce contexte que le Dr King Schultz (Christoph Waltz), un dentiste allemand devenu chasseur de prime, va acheter Django (Jamie Foxx), un esclave qui connaît le visage ainsi que le fouet des frères Brittle (employés dans une exploitation de coton dont ce dernier est issu) et dont les têtes sont mises à prix. L’idée est simple, Django indique au Dr Schultz qui sont les frères Brittle et en contre partie, il obtient sa liberté.
Néanmoins sa liberté ne peut apporter qu’une seule chose aux yeux de Django : la possibilité de retrouver sa femme Broomhilda (Kerry Washington) dont il a été séparé à cause du commerce d’esclave. Petit à petit, Django et le Dr Shultz vont devenir associés et décider de se lancer ensemble à la recherche de cette femme. Cette quête périlleuse va alors les conduire dans les griffes du terrible Calvin Candie, un riche et puissant propriétaire, et de son sournois de serviteur et confident, Stephen (Samuel L. Jackson).
Ce long métrage, le 8ème et probablement antépénultième du réalisateur, est un Tarantino pure souche. Depuis sa vision très personnelle de la seconde guerre mondiale avec Inglorious Basterds, Tarantino attire les foules. Arrivé au sommet de son art, ce réalisateur aussi brillant que fantasque, a pris son temps pour réaliser son « Western Spagetti » avec ses propres codes. Vous aimez les gros plans « inutiles » sur des objets anecdotiques comme un verre qu’on remplit de bière, une fourchette que l’on pose sur une table ou une cuillère de chantilly que l’on met sur un schnitzel ? Vous aimez les BO hallucinantes de ce dernier ? Vous trouvez jouissif sa façon d’exagérer la violence avec des effusions de sang par litre ou encore des tirs de balles qui font le bruit d’une explosion de dynamite ? Permettez-moi alors de vous rassurer, vous allez être servi !
Que dire d’un film pareil si ce n’est que l’on frôle une nouvelle fois la perfection. Les décors sont superbes, les costumes aussi, la réalisation est fantastique et les acteurs sont à la hauteur de leur réputation. Christoph Waltz nous ressort son costume de crapule qui a le sens de la formule avec la même puissance qu’il a incarné le SS Hans Landa dans Inglorious Basterds. Samuel L Jackson m’a encore plus que jamais fait rire aux larmes et que dire de la prestation des autres protagonistes comme Di Caprio qui pour une fois joue un méchant (c’est d’ailleurs son premier second rôle depuis une bonne quinzaine d’années).
Quand on regarde un Tarantino on est toujours à mi-chemin entre le film d’action et le film contemplatif (très narratif du moins), le film gore et la comédie haut perchée. Ici on retrouve encore cette volonté de briser les codes. Une petite nouveauté néanmoins, cette fois-ci, Tarantino se laisse aller à quelques flashbacks, assez rares dans son œuvre, et abandonne en partie sa notion de chapitres très présents dans Inglorious Basterds. Il a néanmoins gardé son gout prononcé pour les grandes écritures qui masquent tout l’écran pour marquer les transitions notamment.
Pour finir, je vous garanti que vous passerez un très bon moment et que vous allez rire comme jamais, notamment lors d’une scène sur un Klu Klux Klan désemparé devant des cagoules blanches mal trouées au travers desquelles on ne voit rien. Vous y reconnaitrez d’ailleurs le très bon Jonah Hill qui jouait Seth, l’obèse obsédé de SuperGrave.