Django Unchained par Selenie
Le premier grand film 2013 se devait d'être le dernier Tarantino, et il l'est bien que je sois un peu moins dithyrambique que la majorité dans le sens où "Django unchained" est le moins réussi de QT ; un déchirement car ça fait des années que j'attendais un western estampillé Tarantino. D'abord il faut saluer l'audace du réalisateur sur deux points ; un héros noir et esclave (pas une fois libre car volé par l'allemand) placé en 1858 soit avant l'abolition (la plupart des westerns se déroulent après), et il n'hésite pas à user et abuser du terme "nigger" (nègre) terme extrêment tabou (quasi interdit) aux Etats-Unis... Et en même temps il aurait été anachronique de faire autrement. Dès le début on remarque la BO exceptionnelle (Morriconne of course, aussi du "Django" originelle entre autres), toujours un must dans la filmographie de Quentin Tarantino. Le scénario se décompose en plusieurs partie, l'évolution de l'histoire est justifiée et maitrisée mais on constate qu'une de ces parties est la plus râtée ; en effet celle du KuKluxKlan est dotée d'un humour potache, facile et peu inspiré, je n'ai pas ri... Heureusement ça ne dure pas long et la violence nous replace directement dans le contexte. La reconsitution est superbe (Candieland est en lieu et place de Evergreen réelle plantation négrière), parsemée néanmoins de signes qui ne trompent pas avec un parallèle assez évident avec "Inglourious basterds" qui aurait pu être un poil plus subtil... Candie (DiCaprio) en démon princier drapé de rouge fait penser au Nazi aristo cinglé Hans Landa justement interprété par Christopher Waltz qui, lui, n'a pas perdu son verbe ; certe classe et toujours aussi savoureux mais peut-être un manque d'originalité. Les esclaves étant le parallèle des juifs évidemment... Tarantino à l'intelligence d'éviter l'écueil du manichéïsme, un black collabo (Samuel L. Jackson énorme !) serviteur aimant et dévoué en est le parfait exemple mais n'oublions pas aussi que le héros est prêt à tout pour sauvers a belle ; magnifique et effroybale scène où (pour une fois) le héros se refuse à jouer le samaritain pour se garder une chance de poursuivre sa quête. Notons évidemment les caméos très nombreux (Franco Nero ex"Django" 66, Tom Savini maitre maquilleur, Jonah Hill comique... etc...) et de clins d'oeil en pagaille comme le nom de l'esclave Broomhilda Von Shaft ("Shaft" figure emblématique de la blaxploitation) ou la présence du marshall Michael Parks déjà vu dans les précédents film de Tarantino. Des références personnels de QT qui n'interfèrent jamais dans la qualité du film, avec un tel nombre de références c'est assez inouï ! La violence est toujours aussi présente et stylisée pour notre plus grand plaisir. Le montage me semble pas toujours juste, surtout période KukluxKlan tandis qu'on peut noter quelques anachronismes (peu important) ; le KKK ne fut créé qu'en 1865 par exemple et le fusil à répétition style winchester n'existait pas encore. Rien de grave. En résumé une oeuvre riche et foisonnante, des acteurs toujours aussi bien choisis (Jamie Foxx est mille fois meilleurs qu'un Will Smith, hourra !) et toute la verve de Tarantino bien présente font de cette oeuvre un énième film jouissif et fun. Mais ce n'est pas le chef d'oeuvre qu'on pouvait espérer.