Django Unchained par sride
Une petite intro :
Django Unchained cela pourrait être un film de black exploitation comme l'était « La revanche de Jesse Lee » à une époque. D’ailleurs j'ai mis du temps (environ 1h) avant de reconnaitre Samuel L. Jackson (Stephen) croyant avoir vu cet acteur dans un autre western plus ancien comme le « Grand Duel » dont Tarantino est grand fan. Son cinéma est nourri de références au cinéma de genre et notamment le western spaghetti auquel il rend ici un bel hommage.
https://www.youtube.com/watch?v=GRFPQSn7hY0
Côté visuel et image :
J’avoue avoir été un peu déçu par la qualité de l'image au départ… voici quelques explications : au début de la projection je commence à me demander si le film est en 3D car je vois l'image floue, mais le point est vite fait et me voilà donc rassuré :) Au cours du film je note la présence d'un grain à l'image ce qui me surprend car la projection en salle est en numérique a priori ? En réalité cela s'explique par le fait que Tarantino a tourné son film en argentique 35mm, ce qui à mon avis donne un côté plus chaleureux et rétro des westerns d'antan !
https://www.youtube.com/watch?v=1ge8qnMxpEo
Par contre il manque à mon goût quelques grandes scènes de paysages filmées comme chez Sergio Leone pour en faire un grand western. Les décors ressemblant aux rochers d'Almeria et autres lieux de tournages typiques des westerns européens de l'époque sont filmés furtivement et sans grand angle.
Côté scènes empruntées, influence de personnages, et thématiques empruntées d'autres films :
- « Le Temps du Massacre » de Lucio Fulci : lorsque Django fouette un des frères Brittle et la mise à mort d'un pauvre bougre par une bande de chiens enragés.
- « Django » de Corbucci : le générique en rouge comme dans celui de 1966 avec la même chanson : Djangooooooo !! La scène des cagoules qui est évidemment une référence au klu klux klan, est peut-être aussi un clin d'oeil à Corbucci (j'étais mort de rire à ce moment très Monty Pythonesque !!), même si dans le Django original elles sont rouges et cachent le visages des figurants pas très beaux ! La ville est boueuse à souhait comme dans le film de Corbucci.
- « On m'appelle Providence » de Giulio Petroni : par le côté très dandy un peu fou du Docteur ainsi que sa carriole bizzare avec la dent sur le toit.
- « La mort était au rendez-vous » de Giulio Petroni : encore un film fétiche de Tarantino dont il avait déjà utilisé la technique des scènes de flashback rouge pour Kill Bill. Ici la scène où Django s'entraine à tirer me fait penser à une scène similaire dans le film de Petroni où la vengeance est aussi la trame principale.
- « Le grand silence » de Corbucci : pour les belles scènes enneigées et certains plans (dont la scène d'entrainement au tir).
Côté musiques réutilisées :
- « Django » de Corbucci : une grande partie des thèmes musicaux composés par Luis Bacalov, et notamment le générique de début qui est le même.
- « Le dernier jour de la colère » de Tonino Valerii (également réal. de « Mon nom est Personne ») : le thème principal composé par Riz Ortolani pour la fameuse séquence de duel à cheval, à mi-chemin entre un combat de chevalier et un duel de western.
- « On l'appelle Trinita» de Enzo Barboni : l’apparition de ce thème musical surprend à la fin de Django Unchained car Trinita est plutôt un western comique (du type western fayot comme l’appelle joliment les critiques de ciné ^^).
- « On m'appelle King » de Giancarlo Romitelli : la musique du générique de ce film est aussi composée par Luis Bacalov.
- « Sierra Torride » de Don Siegel : les thèmes sont composés par le grand Ennio Morricone, qui a donné ses lettres de noblesse au genre western spaghetti notamment chez Sergio Leone.
- « Les Cruels (I Crudeli) » de Sergio Corbucci : encore une belle musique signée Morricone avec la sublime voix de Edda Dell'Orso !
Je note l'apparition d'une musique beaucoup plus contemporaine à la scène du massacre dans la maison (où Candie et Schultz sont tués), cela provoque une vraie rupture qui fait que la musique s'intègre assez mal (même si le mashup funk/hip hop de James Brown & Tupac sonne bien) après toutes ces musiques originales de films des années 60-70 entendues depuis le début du film.
Côté cameo et clin d’oeil :
Même si le Django de Tarantino n’a rien à voir ou à envier à celui de Corbucci, on note quand même un petit clin d’œil furtif de Franco Nero (acteur du 1er Django en 1966) au moment de la scène sadique du combat (Mandingo Fighting) où son personnage dit vouloir insister aussi sur le "D" de son nom… Par ailleurs l’acteur Christopher Waltz ressemble à s'y méprendre à Franco Nero il y a quelques années !
On peut également noter le cameo de Tarantino un peu plus loin dans le film, beaucoup plus long et très discret. Je suis toujours surpris de voir tout le monde sortir quand arrive le générique, et rate donc ici le petit bonus de fin où les trois esclaves dans la cage disent « C’était qui ce mec ? »
En guise de Conclusion :
Le film aurait pu s'arrêter après la scène de massacre dans la maison qui entraine la mort des 2 protagonistes importants du film : Candie (Di Caprio) et le docteur Schultz (Waltz). En effet la suite part plus dans la surenchère ou l'hyperbole (le western italien c’est un opéra de la violence comme s'aimait à le dire Sergio Leone) et sombre dans la facilité quand le héros devient presque invincible, mais peut-être qu’à ce moment Tarantino veut nous rappeler que ce n'est que du cinéma ? Alors on peut aussi se rappeler la fameuse scène surréaliste (du film de Corbucci) où Django descend 100 hommes à lui tout seul à l’aide d’une mitrailleuse !! :D