On blâmera Tarantino pour sa violence outrancière et son aura psychiatrique mais on ne pourra nier son talent de cinéaste affirmé. Si Pulp Fiction était riche, si Kill Bill était grand et si Inglourious Basterds était fin chacun avait sa tare, ses excès, ses aspects imparfaits. Si un semblant moins « jouissif » dans l'allure, Django est pourtant le plus bel apparat du réalisateur. Le thème du western était un quartier de viande autour duquel il rôdait depuis bien longtemps, glissant un hommage dans chacune de ses réalisations passées. Maintenant attelé à la tâche, Tarantino fait tant plaisir qu'il peut décevoir. Si beaucoup se sont présentés en salle avec un avis préconçu et ne s'en étant pas défaits tout au long de leur visionnage, il n'en est pas de même ici. Sans frivolité ni enthousiasme incommensurable est brièvement développé, à cet instant, un respect envers l'artiste. Soignant ses plans comme de grandes fresques, ce dernier embarque le spectateur dans une trame légère et potentiellement un peu longue pour le propos. Le tout restant réaliste, car si une légère niaiserie émane, la dureté du sujet vient rapidement contrecarrer ses dires. Ordinairement parlant, notre cinéaste proposait un violence au service d'un bel humour noir, d'un puissant second degré ou tout simplement d'une futilité propre à sa démence personnelle (non pas le moindre génie ici bas). Chez Django, ces trois aspects sont mis en application tout en accueillant une légère nouveauté : S'agirait-il d'une quelconque forme de maturité ? L'esclavage prend sa revanche crûment de ce qu'il avait auparavant durement vécu. Belles mises en parallèles, dérision profonde, hommage sanguinolents, anachronismes ambiants... Décors, univers, costumes, poussière et boue. Bande son comme toujours très soignée et mise au service de scène dores et déjà cultes. L'ensemble est très bon. Cependant, on en appelle à plusieurs reprises à un humour un tantinet lourd tandis que certaines longueurs se font entendre principalement en fin de film. Ça traînasse, redonnant un second souffle particulièrement oiseux à l'œuvre qui pouvait alors aisément s'en passer. Y apparaît, le maître de cérémonie, démiurge intégrant son œuvre à pleines mains, kilos en trop et rôle grossier (comme à l'accoutumé). Merci à Cristoph Waltz dont la prestation reste ineffable car tout bonnement magistrale. Dandesque chasseur de prime, ses belles formules déversent les flots de sang. Capable d'atrocités comme d'une sensiblerie justifiée, on l'applaudit à n'en plus pouvoir. Chacun de ses personnages pourrait facilement monopoliser une thèse entière. Pour poursuivre dans la lignée de ces (impressionnants) comédiens, il conviendrait de citer un certain DiCaprio (nullement apprécié de mon être jusqu'ici). Combats, marteau et dents pourries, sublime ordure avide d'une politesse meurtrière, il est purement et simplement terrifiant. Le jeu de Jamie Foxx quant à lui est proportionnel à son personnage. Un homme brisé, débordant d'amour et de colère qui se mutera en bloc de vengeance pure. Léger et dur. Mention particulière au rôle immonde de crapaud visqueux interprété par Samuel L Jackson, traître veule et vile dont les personnalités semblent s'accoupler à merveille. Les ombres s'embrassent, les balles fusent, l'écarlate asperge les champs de coton et l'histoire trottine à leurs cotés. Bel hommage d'un fou furieux, dont il s'agit probablement du film le plus sage et le plus adulte.