La motivation à l'écriture de cette critique (et de celles qui suivraient) est la suivante: J'oublie trop souvent les films que je vois. J'espère, grâce à des traces écrites de ce genre, pouvoir me rappeler plus clairement dans le futur les idées, impressions et sensations que j'ai eu en les voyant.
Sorti en 2013 en France, Django Unchained est le 8e film de Tarantino en tant que réalisateur. Il succède à Inglorious basterds; avec lequel il partage plusieurs points communs importants pour moi.
Tout d'abord, ces deux films se construisent autour d'une idée commune : l'oppressé se révoltant contre ses oppresseurs. Si dans IB il s'agit d'un bataillon spécial de soldats juifs chassant les nazis, on a ici affaire à un esclave affranchi punissant les maîtres. De cette manière, la vengeance est d'autant plus symbolique que le héro ne se venge pas uniquement lui même, mais aussi les autres oppressés qui ne peuvent se battre.
Et cette idée de "vengeance altruiste" introduit une idée assez nouvelle chez Tarantino : la justification de la violence. Jusqu'ici, l'ambivalence de ses personnages empêchait de les ranger dans des cases morales. Ils n'étaient ni "bon" ni "mauvais". Ainsi, lorsque la mort frappait l'un d'entre eux, le choc était d'autant plus grand qu'elle aurait pu toucher n'importe qui d'autre. D'un autre côté, le châtiment réservé à certains pouvais paraître excessif ou injuste. Or dans IB et DU, ce système change. On n'a plus affaire à des personnages franchement ambigus puisque l'on a chez l'un des nazis et chez l'autre des esclavagistes. De cette manière, Tarantino se donne dès le début un alibi pour massacrer les personnages à tour de bras, et avec style. De plus, détaché de toute empathie envers les antagonistes, le spectateur peut désormais se réjouir de voir les corps s'entasser. La violence ne sert plus de choc, elle devient une récompense. Ainsi, Quentin Tarantino s'offre un plus grande liberté qui lui permet d'atteindre avec DU ce qui est selon moi le sommet de son esthétisation de la violence. Une qualité qui à mes yeux comble le léger manque de nuance des personnages.
Une de mes rares réserve concernant DU touche d'ailleurs à la manière dont est traité l'un de ses personnages. Pendant tout le film, le Dr King Schultz est présenté comme intelligent, prévoyant et très prudent. Il ne laisse rien au hasard et est toujours prêt à dégainer ses mandats et avis de recherche dès qu'il abat une de ses cibles. Or, les circonstances de sa mort vont totalement à l'encontre de cette description. Dépité que son plan ait été déjoué par Calvin Candie, King refuse de lui serrer la main. Après beaucoup d'insistance, il finit par faire mine de se plier à ses exigences pour finalement le tuer d'une balle en plein cœur. En agissant de la sorte, King Schultz perd son sang froid et met en danger la vie de ses compagnons. Un comportement anormal pour ce personnage; qui ressemble fortement à un diabolus ex machina forçant le choc du spectateur et la dérive des dernières minutes du film en une succession de bains de sang.
Au delà de ça, DU regorge tout de même de points positifs : Le scénario est solide, les performances exceptionnelles. Le travail de Robert Richardson sur la photo est remarquable et Tarantino s'essaie à des plans de nature de toute beauté. Et que dire de la B.O ?
Un élément me chagrine tout de même : Où sont les pieds ? Où sont passés les plans séquence sur Beatrix Kiddo réveillant ses orteils ? Et les travellings sur Mia Wallace traversant son couloir ?
Heureusement que Once upon a time in Hollywood et sa mythique scène du cinéma sont là pour rattraper tout ça.