Tiré d'un manga populaire de Buronson (Doberman Deka, Ken le Survivant), Doberman Cop annonce un tournant dans la carrière de Fukasaku qui vient d'enchainer pas moins de quinze films de yakuzas, un genre qu'il aura contribué à relancer auprès du public. Sonny Chiba (Karate Kiba, The Street Fighter) incarne le détective Doberman, un personnage inspiré de l'inspecteur Harry qui possède le même goût prononcé pour les très gros calibres et avec lequel il partage la méthode forte contre les criminels. Fukasaku demandera à son scénariste Kôji Takada de réécrire profondément le personnage, qui devient ici un bouseux d'Okinawa affublé d'un cochon et adepte du karaté (la marque de fabrique de Chiba), autant de clichés qui doivent imprimer un côté léger et sympathique à cette œuvre d'exploitation.
Quelques "bonnes gueules" de la Toei issues de la vieille garde de Fukasaku assurent les rôles secondaires (Hideo Murota en flic-tueur, Hiroki Matsukata en yakuza-manager), et du côté des actrices, Fukasaku imposera Janet Hatta, une mannequin issue de la télé et Eiko Matsuda qui s'était faite connaître dans une célèbre scène de nu dans L'Empire des sens de Nagisa Oshima.
Le résultat est divertissant, on retrouve la caméra nerveuse du réalisateur de la série Combat sans code d'honneur, mais l'ensemble est assez brouillon et l'enchainement de certaines scènes manque un peu de cohérence. Le film n'a pas vraiment trouvé son public, malgré la renommée de son réalisateur et la présence de Sonny Chiba en tête d'affiche, alors même que l'adaptation de mangas (Gekiga) au cinéma, très courante à l'époque (Baby Cart, Lady Snowblood, Sasori La Femme Scorpion, ...), devait assurer une certaine rentabilité. Cet épisode de Doberman Deka restera sans lendemain, si ce n'est une série télé dans les années 80.
Verdict : se regarde facilement, accompagné d'un verre d'awamori (alcool d'Okinawa).
Vu en Blu-ray, tiré du coffret de chez Arrow.