Cloué au pilori à sa sortie par une presse bien pensante qui n'y voit qu'un objet puéril et dangereux pour la jeunesse, "Dobermann" est a revoir à tête reposé quinze ans après sa conception, loin de toute la polémique stérile qui a accompagnée son exploitation en salles.
Premier long-métrage de Jan Kounen après une poigné de courts comme "Vibro Boy" ou "Le dernier chaperon rouge", "Dobermann" est à prendre pour ce qu'il est et rien d'autres, un bon gros délire régressif à l'esprit cartoonesque, volontairement excessif et outrancier mais qui fait un bien fou pour peu que l'on adhère à cet univers.
D'une maîtrise technique indéniable et porté par un excellent casting largement dominé par un Tcheky Karyo impérial, le film de Kounen a de plus plutôt bien vieilli, ce qui est assez rare pour un film français de cette époque. Foncant à cent à l"heure, il offre une floppée de séquences mémorables et de répliques cultes ("Le seigneur l'a châtié. Il a rejoint le paradis des hommes sans tête.") jusqu'à un climax absolument dément dans une boîte de nuit transformée en siège.
Ultra-violent mais baignant dans un second degré constant, aussi con qu'il peut être impertinent (il faut voir Romain Duris se torcher avec... les Cahiers du cinema !), "Dobermann" est un film culte aussi adulé qu'il est détesté mais qui a le mérite de ne pas laisser indifférent.