Dobermann
6.1
Dobermann

Film de Jan Kounen (1997)

La meilleure prestation de Monica Bellucci

Contre toute attente, ça vieillit pas si mal ce premier film de Jan Kounen. Gros traumatisme pour moi à sa sortie, encore plus après une projection avec toute l'équipe du film (sauf Monica), une séance de foot improvisée et des dédicaces sur une fiche de révision du bac de français.
Quand on y pense, ce "Dobermann" (adapté des romans de Joël Houssin) est l'ancêtre des délires à la Kourtrajmé : contexte urbain et délinquant, effets de réalisation façon clip (dont vient d'ailleurs Kounen), violence ostentatoire et humour potache. Si la réal' a pris un petit coup de vieux (surtout les scènes de transition en images de synthèse), les dialogues ont su conserver leur percutant. C'est d'ailleurs là que réside le principal intérêt du film, pour le reste on est toujours plus ou moins à la limite du mauvais goût.
Vincent Cassel était encore empêtré dans ses problèmes à restituer un texte sans le jouer faux, Monica Bellucci offre certainement sa meilleure prestation (elle est muette), Tchéky Karyo est vraiment très très très méchant et sadique, les autres flics sont de sombres crétins qui, en plus, jouent mal (un petit coté Europa Corp) et le scénar' tient sur un bout de PQ.
Pourtant, il y a de bons passages de violence jubilatoire ("il a rejoint le paradis des hommes sans tête"), un sens du rythme dans les dialogues qui certes ne volent pas haut mais permettent de ne pas trop bailler pendant les périodes de calme.
L'univers barré entre réalité et délire hallucinatoire (avec des clins d'oeil aux courts métrages de Kounen comme Vibroboy - recyclé ici en Abbé inquiétant et truculent) est parfois un peu kitch comme cette incroyable boite de nuit sur le canal de l'Ourcq, haut lieu des nuits drag queens. Un kitch assumé, limite revendiqué avec une certaine arrogance (Romain Duris se torche littéralement avec les cahiers du cinéma, façon de balayer la critique "traditionnelle" dont il sait qu'elle ne saura pas apprécier son cinéma playstation).

Plutôt une bonne surprise donc de retrouver le Dobb' et ses potes cinglés défourailler dans tous les sens. Amusant aussi de voir quel OVNI cinématographique le film a pu être en son temps dans l'hexagone, permettant surement à de jeunes cinéastes d'oser explorer des univers encore vierges. Mais ne voyons pas le premier film de Kounen pour plus qu'il ne l'est, un divertissement défoulatoire et brut de décoffrage.
NicoBax
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le 13 mars 2011

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