Cette production se livre à un dépoussiérage d'une oeuvre mythique tout en gardant les éléments principaux (labo rempli de machines, foudre, créature, vieux château etc...), en virant l'image de conte fantastique gothique pour évoluer plus dans un style steampunk. Le mythe Frankenstein n'est quand même pas si malmené que ça, j'ai lu des critiques et vu des notes qui encore dénonçaient ce résultat, je dis non, il n'y a pas de trahison, ça peut ne pas plaire, mais il faut être juste parce que des films comme I, Frankenstein ont bien plus balayé la mythologie qu'on connaissait.
J'ai bien aimé parce que le film reste plutôt un bel hommage aux films Universal des années 30, comme l'avait fait Van Helsing en 2004, même s'il n'a plus grand chose à voir avec eux. Le traitement est plus moderne et plus tonique, c'est normal, on était en 2015, de même que le propos s'écarte du roman de Mary Shelley comme l'avaient fait les films Universal, au contraire de la version de Branagh en 1994 qui en était très proche. Cette version est donc plus proche des versions Universal avec un personnage de Dr Victor Frankenstein beaucoup mieux cerné et vu sous l'angle d'un illuminé scientifique exalté par la perspective de sa découverte et dont l'échec le plonge dans un profond désarroi. L'analyse est donc intéressante, de même que la relation du docteur avec son assistant Igor est intéressante, il y a une vraie tentative d'éclairage psychologique sur ces personnages que n'avaient pas tenté les films Universal avec Boris Karloff, qui eux insistaient sur la créature, parce que interprétée par Karloff.
Ici, c'est le contraire, la créature est reléguée au second plan et tout de suite identifiée comme une entité malfaisante, une aberration. Les 2 acteurs principaux donnent beaucoup d'intensité à leurs rôles : le côté surjoué de James McAvoy colle parfaitement avec la folie habitée de son personnage, il est tour à tour gentleman exalté, savant fou, génie mégalomane, bref il est formidable dans ce rôle excessif sans jamais sombrer dans l'outrance ridicule ou grotesque. Radcliffe quant à lui, réussit à faire oublier son personnage encombrant de Potter, c'est déjà pas si mal. Le reste du casting est correct, avec un petit rôle pour l'excellent Charles Dance, même si sa scène n'apporte pas grand chose au film.
L'aspect esthétique est un autre atout qui s'ajoute à ce côté un peu délirant et parfois excessif, mais j'ai bien aimé cette version qui tente des trucs audacieux par rapport à tout ce qui a été fait, c'est une approche originale d'une oeuvre très connue s'appuyant sur les acquis classiques édictés par Universal et les productions Hammer.