Ça n'est un secret pour personne : les producteurs sont sans scrupules. Après Blanche Neige et le Chasseur, Maléfique, et autres Alice 3D, la mode qui consiste à prendre une œuvre connue de tous, et de la malmener pour en raconter une version "que vous n'a jamais vu comme ça", frappe aujourd'hui Frankenstein.
Aux commandes, Paul McGuigan s'évertue à en faire une farce potache et iconoclaste de première grandeur. Il ne lui faut pas vingt minutes pour envoyer Daniel Radcliffe et James McAvoy détaler dans un cirque, poursuivis par un homme-tarzan, un monsieur loyal, des acrobates et un lanceur de couteau, avant de siphonner une poche de pus pour tout jeter par la fenêtre...
Un humour punk et révoltant. De francs rires. Assurément le film est une réussite du genre...
Et puis, passé cet acte I plus que généreux, il devient mortellement sérieux. Fini les blagues, les situations inexplicables, les idées tordues... On n'a qu'une suite ininterrompue de faits, de démonstrations, de dialogues, de menaces et encore des faits. Il n'y a rien de franchement détestable, non. Les acteurs se donnent à fond, les designs sont chouettes... Juste une perte totale de l'humour qui m'a si vite séduit.
A part une scène de binge-drinking où les deux compères inventent leur monstre ("Des poumons ? Mets-en quatre, heeey !") Victor Frankenstein est trop lisse, prévisible, sans véritable conflit. Certains mystères sont révélés en grande pompe alors qu'ils étaient éventés depuis l'début, et d'autres ( comme la lettre d'éviction reçue par Daniel à mi-film ) sombrent dans l'oubli pour aucune raison...
En définitive, je n'ai pas passé un mauvais moment. Pas un bon non plus. Juste... un moment.