Vous vous souvenez de cette scène du Dîner de Cons et, plus précisément, de ce que Pierre Brochant pense du Petit cheval de manège ? "Très mauvais, quelle importance". Eh bien Doctor Sleep, c'est pareil. Vu l'intonation de Thierry Lhermitte et sa façon de répondre du tac-o-tac à Jacques Villeret, nous ne doutons pas une seconde de la valeur de son jugement : Le Petit cheval de manège est un très mauvais bouquin, un truc insignifiant. Le livre de Stephen King ne doit pas valoir beaucoup mieux. "Si le bouquin est mauvais, pourquoi acheter les droits ?!", demande Villeret après un temps de réflexion nécessaire. Ah, ça... c'est ici une toute autre histoire. Faire une suite à Shining, dans un contexte de panne d'inspiration globale du cinéma de genre américain, c'est drôlement osé et idiot, mais forcément tentant. Et les adaptations de King ne sont jamais passées de mode, elles ont même été relancées il y a peu par le succès retentissant du premier chapitre de Ça. N'allons pas chercher plus loin. En 1980, Stanley Kubrick s'était considérablement éloigné du livre d'origine, provoquant l'ire de l'écrivain, un désaveu de notoriété publique. Cette fois-ci, le but était de livrer une adaptation fidèle à la suite du roman parue en 2013, tout en s'inscrivant dans la continuité du classique de Kubrick. Le résultat, cette séquelle bâtarde et indigeste qu'est Doctor Sleep, prouve que la réconciliation était difficilement possible et que ce n'est jamais une bonne idée de chercher à vouloir contenter tout le monde. Mike Flanagan aurait dû trancher en rompant clairement avec Shining, ou choisir de ne pas adapter aussi littéralement cette histoire lamentable de King, car disons-le tout net : qu'est-ce que c'est con ! Sur le papier, je dis pas, mais à l'écran, c'est franchement navrant. Les fans de l'auteur sauront néanmoins apprécier l'effort, Stephen King himself montera au créneau pour défendre son poulain, beaucoup feront preuve d'indulgence envers un réalisateur courageux de s'être attelé à une telle tâche, mais la grande majorité méprisera ce film, s'en contrefichera ou l'oubliera très vite. Dans quelques années, il n'en restera rien, tout juste une anecdote entre cinéphiles qui se plairont à se rappeler, comme c'est le cas pour 2001 l'Odyssée de l'espace, qu'il existe bel et bien une suite à Shining...lire la suite de la critique.