Décevant sans être pour autant mauvais ^^

(SPOILERS DANS TOUTE LA CRITIQUE ^^)
Nombreuses sont les adaptations ou les suites de film et roman populaires ces dernières années. La plupart du temps celles-ci sont ratées ou au mieux appréciables… certaines peuvent heureusement être très réussies mais c’est assez rare.

N’étant donc pas très friand des suites à gogos qu’on nous pond maintenant, je n’étais pas franchement emballé par ce film. Surtout depuis que les œuvres de king sont utilisées pour des Blockbuster sans saveurs, quand on voit les adaptations de « it » pour ne citer que celui-là j’avais assez peur du résultat.

Mais bon étant un grand fan de ses romans et aussi de l’excellent Shining de Kubrick que j’ai dû voir de très nombreuses fois, je me suis dit pourquoi pas.

Evidemment comme toute adaptation de roman ou n’aura d’un côté ceux qui n’ont jamais lu « Dr. Sleep/shining » et/ou pas vu l’adaptation de Kubrick. Pour cette catégorie le long métrage leur semblera plutôt réussi il est vrai. Le film dure 2h30, peut paraitre effrayant à certains passages et semble assez correct quand on ne fait pas la comparaison. Au final les 2h30 passent assez bien et même si on ne peut pas vraiment le considérer comme un film d’horreur à proprement parlé car étant très commercial, il fait correctement le boulot en général. Les acteurs sont assez correct, Ewan McGregor est plutôt convaincant sans pour autant être vraiment bon, la jeune Kyliegh curran est assez convaincante également, petit bémol pour moi, le personnage de Billy Freeman aurait pu être plus développé et surtout mieux écrit.

Mais pour ceux qui connaissent l’univers auquel s’inspire l’adaptation de Mike Flanagan, le résultat paraitra plutôt mitigé et c’est dommage car les 2/3 du film sont assez bons et plutôt fidèles au roman. Le début posera assez efficacement les personnages et les premières scènes avec le jeune Danny Torrance hanté par Mrs Massey sont très réussies. On ressent bien la tension et le malaise du jeune garçon, une scène qui rappellera un peu un certain passage au film le sixième sens. Une fois l’heure et demie passée le tout s’accélère beaucoup trop vite pour se focaliser sur le scénario.
Et justement à partir de là, le réalisateur ne suit plus du tout le déroulement du roman et pond un dernier acte totalement manqué pour ma part. Après avoir tendu une embuscade au « Nœud vrai » nos deux héros Abra stone et Danny partent tout deux vers l’overlook… car après une supposition farfelue, il en déduit que l’hôtel peut être dangereux pour l’antagoniste du film.

Et parlons-en de l’antagoniste du film justement, j’avais apprécié ce personnage ingénieux et cruel car dans le roman celle-ci dirige son groupe avec efficacité et cela depuis plusieurs siècles, ce qui fait que l’expérience lui donne souvent une longueur d’avance. Même si elle subit de temps à autre une ou deux défaites, elle reste malgré cela un adversaire très redoutable hors dans le film on nous vend une « rose Claque » coriace mais on s’aperçoit vite qu’elle se fait malmener assez facilement par une gamine de 13 ans… le final oppose dans le roman une bataille psychique éprouvante entre elle et les deux héros. Ici, le travail de Flanagan pour reconstituer cette psyché est vraiment bien foutue sauf qu’au lieu de reconstituer cela à l’écran il préfère nous pondre une mort bidon provoquée par les fantômes de l’overlook, interprété par des acteurs qui font penser à un fan made tellement on vire dans le grotesque. Le traitement du personnage est assez mal retranscrit et c’est dommage quand on voit la très bonne interprétation de Rebecca Ferguson.

Pour moi, le gros soucis du film est que Flanagan après avoir assez fidèlement reconstitué le roman à l’écran tombe malheureusement dans le fan service en essayant de lier le dernier tiers au Shining de Kubrick et tout cela vire tristement dans le n’importe quoi !

La rencontre entre Dany et son père Jack Torrance donne un aspect plus fade qu’autre chose car incompréhension totale, le réalisateur au lieu de reproduire en motion capture les visages des acteurs du film de 80, remplacera ceux-ci par des acteurs qui ne leur ressemble pas vraiment… et même si ceux-ci s’efforcent de faire assez correctement le taf, il est difficile malgré tout d’éclipser la prestation de Nicholson et autres… ce qui est assez dommage quand on voit la qualité qu’offre la motion capture maintenant, l’impact des scènes aurait été meilleur avec un « faux » Nicholson à l’écran. Ça aurait simple mais efficace.

Mais le problème réside surtout pour moi au fait que Docteur Sleep ne ressemble pas vraiment à Shining et les deux romans sont assez différents, j’avais déjà moyennement apprécié le bouquin à l’époque comparé à l’enfant lumière mais ici le fait de vouloir lier les deux est louable mais mal mis en évidence. Une fois l’antagoniste vaincue le film s’inspire tel un copier-coller de la fin du premier roman avec un Danny remplaçant jack et pourchassant Abra dans l’overlook avant que la chaudière n’explose et mette fin définitivement à la malédiction mais aussi à la vie de Danny…

On sent que le réalisateur a voulu faire plaisir à King lui-même qui avait à l’époque déjà moyennement apprécié le métrage de Kubrick sauf que Docteur sleep parle de la rémission d’un homme contre son alcoolisme et le roman justement faisait assez habillement le lien avec shining à travers cette maladie ou le personnage de Danny réussissait là où son père avait échoué. Se constituant une famille à travers ses collègues et amis le livre se terminait positivement sur la victoire d’un Dan Torrance à travers son véritable démon qui était l’alcool.

Ici malheureusement, on donne cette rédemption à travers un sacrifice qui était inévitable comme si son destin était de détruire l’overlook. Cette fin pourra plaire à plusieurs personnes et aurait pu me plaire si elle avait été mieux amenée mais l’enchainement ridicules des scènes reproduites à l’identique de shining avec l’ascenseur, les fantômes sortant leur réplique culte et d’Ewan McGregor essayant d’imiter Nicholson boitant avec sa hache dans l’hôtel m’avait déjà fait sortir du film.

Cependant, je dois reconnaitre que le travail de l’équipe sur la reconstitution des lieux de 80 est remarquable ! L’Overlook est fidèlement reconstitué à tel point qu’on dirait que les scènes ont été tournées dans les mêmes endroits. Et que dire de cette scène de torture d’un enfant qui vous glace le sang de par sa cruauté et sa violence. Quand on voit ce travail fourni on trouve cela d’autant plus décevant et c’est dommage car le réalisateur avait déjà réussi son pari avec l’adaptation de « Jessie » autre roman de King que j’avais vraiment apprécié.

En bref, le film reste une bonne distraction sans être une bonne adaptation du roman comme une bonne suite du film de Kubrick selon mon ressenti. Cependant, même si la fin prête à débat, le film se laisse regarder malgré tout et c’est déjà ça de pris.