L'Étrange Docteur Étrange

Bien avant la recrudescence dans les années 2000 (« Pourvu que ça dure » disait Avi Arad), l’écurie Marvel avait tenté de se frayer un passage sur le petit écran à la fin des années 70, en partenariat avec la chaîne CBS. Ainsi, après "Spider-Man" et "L’Incroyable Hulk", c’était au tour d’un autre super-héros, moins extravagant et plus mystique, d’être adapté : le Docteur Strange, ce médecin moustachu qui va affronter les forces occultes à grands coups d’incantations et de pouvoirs magiques. Faute d’intérêt après un pilote diffusé en 1978, CBS annule la série et restera concentré sur l’araignée et l’homme colérique, non sans avoir massacré Captain America à travers deux téléfilms moisis.

Pour ce pilote du personnage créé par Steve Ditko et Stan Lee, nous faisons face à une origin story légèrement modifiée mais surtout bien trop longuette. Écrite et réalisée par Philip DeGuere (futur créateur des "Petits Génies" et de "Simon et Simon" mais à l’époque scénariste quelconque de séries TV), l’intrigue manque hélas de punch, d’action et d’intérêt. Nous y découvrons un Docteur Strange devenu psychiatre s’essayant à protéger une patiente tourmentée par la méchante fée Morgane, envoyée sur Terre par un démon pour vaincre le Sorcier Suprême, futur mentor de Strange. Une introduction intéressante mais malheureusement plombée par un rythme apathique qui n’arrive jamais à compenser le manque d’effets spéciaux, un tant soit peu réussis pour l’époque mais aujourd’hui bien kitchs (notamment une virée dans le monde mystique désarmante quoiqu’un brin rébarbative).

À part quelques rayons lumineux et deux incantations similaires, on n’aura pas beaucoup de magie dans cette adaptation, DeGuere préférant filmer des auscultations dans un hôpital et des dialogues un brin chiants. Dans le rôle-titre, Peter Hooten (vu dans Une Poignée de Salopards) s’avère aussi charmant en docteur attentionné que peu charismatique lorsqu’il doit faire face aux forces du mal à travers un scénario finalement pas très rocambolesque et garni de passages gnangnans. Ne se réveillant qu’au bout d’une bonne heure de bobine, le téléfilm rate tout aussi bien son final censé être plus dynamique, prouvant que Philip DeGuere n’était clairement pas l’homme de la situation, expliquant pourquoi la série TV fut tuée dans l’œuf. Entre d’autres mains, le projet aurait pu probablement être plus attractif. Reste une péripétie plus ennuyeuse que kitch, sortie chez nous directement en DVD en 2015, peu de temps avant le reboot cinématographique de Scott Derrickson.