Le film de prison est un véritable genre à part entière dont les codes sont assez immuables, de Midnight Express à Animal Factory en passant par L'Évadé d'Alcatraz et évidemment la série Oz de HBO on pense en avoir fait plus ou moins le tour. Ainsi le français Kim Chapiron, issu du collectif Kourtrajmé, apporte sa pierre à l'édifice en se basant sur un établissement pour jeunes délinquants, une jeunesse qui permet à ce Dog Pound de trouver son identité.
En effet le film ne réinvente pas le genre et on pourra même dire qu'il s'y complait tant le déroulement apporte peu de surprises aux vieux briscards du genre. En même temps la vie d'une prison est faite d'humiliation, de discipline et de rébellion quel que soit le pays ou l'âge des détenus et un mur gris ça reste un mur gris.
Un petit soucis d'originalité donc qui est contrebalancé par ces adolescents à la frontière entre le monde des adultes et celui de l'enfance. Le film tourne autour des trois personnages bien différents mais qui sous leur délinquance, plus ou moins grave, ont tous des rêves et aspirations là aussi plus ou moins naïve.
Ainsi on s'attache facilement à ces têtes de lard et on partage avec eux les pires douleurs comme les gros fou rires comme le fantasme de Davis raconté à voix haute qui apparait comme une bulle d'air frais où tout le reste ne compte plus.
De cette bande émerge Butch, un personnage sans cesse sur le fil joué par l'impressionnant Adam Butcher qui passe du rire le plus tendre à la violence la plus crue en un rien de temps et avec la même crédibilité dans les deux cas de figure.
En revanche c'est le personnage du gardien qui aurait mérité un peu plus d'égards, sa vie privée est mise de côté pendant toute une partie du film et réapparait plus tard pour servir de déclencheur sur un rebondissement crucial du scénario. Le fait que d'un seul coup le film s'intéresse à cet aspect du personnage, jusque là absent, met immédiatement la puce à l'oreille et on devine trop facilement la suite des événements.
Cependant lesdits événements ne perdent pas pour autant en intensité et en portée.
Derrière sa caméra Chapiron adopte un style sec collant parfaitement à l'atmosphère pesante du film et brode une mise en scène efficace. L'un des atouts du film est qu'il joue sur une crédibilité palpable, comme en témoigne sont défilé d'ados au physique imparfait, sans tomber dans le piège du faux documentaire. Ainsi le film emballe quelques séquences à la réalisation travaillée et pertinente à l'image du final, aussi abrupte que symbolique, qui vous touche au coeur et vous fait dire "quel gâchis" en repensant à ces destins brisés qui n'ont que l'illusion de s'en sortir.
Kim Chapiron signe là un film sincère et dur qui parle autant des injustice d'une société aveugle que des troubles et joies de l'adolescence. Entre espoir et désarroi, entre colère et joie, Dog Pound atteint sa cible: le coeur du spectateur.