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Neil Marshall est un geek, passionné par le cinéma de genre, et qui dès ce premier film fait montre de son engouement. On découle une série B honnête, curiosité dans le paysage du cinéma britannique de l’époque qui n'investit pas vraiment dans les monstres. Succès commercial surprise qui lui permettra par la suite d’enchaîner sur le savoureux The Descent, l’incompris Doomsday, ou encore l’ambitieux Centurion, avant d’aller jouer dans la cour des grands chez HBO (on lui doit notamment la bataille de Blackwater dans le final de la saison 2 de Game of Thrones). Une carrière avec une qualité en dents de scie, mais toujours portée par un amour inconditionnel pour sa vision d’un bis décontracté.
Dog Soldiers donc, fer de lance de cette philosophie, mêle film de guerre et loups-garous, en empruntant volontiers des idées au Assault de Carpenter ou au Night of the Living Dead de Romero, le tout servi par un casting de seconds couteaux d’Outre-Manche qui fait plaisir : Kevin McKidd (Lucius Veronus dans Rome), Liam Cunningham (Davos dans Game of Thrones), ou encore Sean Pertwee (Alfred dans Gotham). Marshall surfe allègrement sur la tendance des high-concepts initiés par Die Hard, et propose de suivre un groupe de bidasses en entraînement qui se retrouve en proie à une meute de loup-garous et se réfugie dans une ferme pour tenir un siège. On n’ira jamais plus loin que ça, et on verra les soldats se faire dépiauter les uns après les autres. C’est simple, pas finaud, mais ça fonctionne au final assez bien grâce à quelques trouvailles, une lisibilité des lieux de l’action efficace, et des lycanthropes en costumes semi-convainquant.
On est certainement pas devant un chef d'œuvre, le film ne dépasse jamais son statut de produit d’exploitation fait avec les moyens du bord, et le concept de “elevated horror” censé apporté un fond au genre n’est pas encore inventé. On se retrouve donc devant une série B assumée, avec ce que ça implique de soupirs et de réjouissances. Une petite friandise décérébrée pour les amateurs du genre, qui a permis un temps de donner un coup de pouce aux investisseurs britanniques pour se lancer dans des projets jusqu’alors peu envisagés. Ça et 28 jours plus tard.
Bonus:
Un entretien de 40 minutes avec Neil Marshall qui revient sur l’ensemble de sa carrière. Entre des débuts difficiles à financer, le succès inattendu de The Descent et le bide de Doomsday qu’il juge incompris (encore en 2022 lors de cette interview), et la place qu’il a réussi à se creuser dans le monde des séries où il se sent plus à l’aise car il se trouve plus légitime à mettre en scène la vision de quelqu’un d’autre qu’à livrer la sienne qu’il trouve parfois défectueuse. On le comprend. Il revient également sur la purge que fut le Hellboy 2019 sur lequel il a été débarqué sans aucune manœuvre créative, sans aucun pouvoir d’action, contemplant le désastre en devenir alors même que les scènes se poursuivait. Marshall n’a certes pas la crédibilité et l’articulation d’un Scorsese ou d’un Carpenter, mais il parle avec humilité, beaucoup d’auto-dérision, et surtout un amour honnête pour le cinéma de genre. Un chic type.
15 minutes d’interview du chef décorateur Simon Bowles qui, grâce à une maquette de la ferme du film provenant des travaux préparatoires, explicite en détail la réflexion qui a dû être menée pour que le film soit clair dans sa topographie. Intéressant
Le court métrage Combat (7 minutes), qui montre une scène de drague dans un pub sans dialogues, avec des bruitages de film de guerre pour chaque refus, chaque succès. Le concept est plutôt sympathique, même si la mise en œuvre est parfois un peu lourde.