Je me suis pas foulé, j'ai repris une punchline presse de je ne sais plus quel canard présente sur l'affiche... Mais attention, ce n'est pas une vulgaire pichenette assénée à un gamin capricieux... C'est plutôt une baffe à la Obélix, celle qui met un régiment de romains en orbite au dessus des forêts bretonnes, c'est du niveau Lino Ventura (avec ses parpaings à la place des mains) dans La Gifle... Bref, c'est du lourd !
Pourtant, quoi de plus cute qu'un cabinet de toilettage pour chiens ? On imagine tout de suite la pouf blonde de service (Reese Witherspoon au hasard) en tailleur rose bonbec promenant sa tripotée de caniches et de chihuahua au bout d'une dizaine de laisses sous un ciel bleu californien...
Dans Dogman, rien de tout ça ! Ici, c'est pas Venus Beauté Institut (ah bon, ça se passe pas chez un toiletteur pour chiens ? Je l'aurais pourtant juré, à en croire la coupe de cheveux de Tonie Marshall... En plus, il y a Audrey Toutou.. Ah Ah Ah !!!) Non, ici
c'est la banlieue crasseuse d'une ville du Sud de l'Italie (sûrement Naples, vu les états de service de Matteo Garrone, réalisateur du sublime Gomorra, d'après le non moins sublime ouvrage de Roberto Salviano). Le toiletteur pour chiens en question est une gueule comme seul le cinéma italien peut nous en offrir (coucou Fellini, Pasolini et Leone !!!). Marcello, nez monté sur pattes avec des grands yeux ronds, des cheveux gras et un bleu de travail, n'a rien de glamour... Au contraire, il a tout de l'idiot du village maltraité par la brute de service, Simone, ancien boxeur fraîchement sorti de prison dont le cerveau est aussi ravagé par les gnons que par la poudre blanche qu'il s'enfile comme qui rigole... Le molosse entraîne (à coups de beignes puisque c'est essentiellement de cette manière que s'exprime cette armoire à glace) le brave Marcello dans une affaire qui a foiré. Le toiletteur nourrit donc une vengeance qui figure déjà dans le best of ciné de l'année... Concentré de naïveté touchante, Marcello représente, avec les chiens qu'il bichonne et sa fille, l'once d'humanité qui parcourt le film. Le reste n'est que drogue, sang, pisse, arnaque et coups pendables. Prix d'interprétation canine (pardon masculine) à Cannes, Marcello Fonte livre une prestation inoubliable... Un personnage poissard attachant !
Quant à Matteo Garrone, après un décevant Tale of tales, il signe son meilleur opus et se place doucement mais sûrement en chef de file d'un cinéma italien (avec Paolo Sorrentino) que nous avons tant aimé. Il prend un malin plaisir à faire adopter au spectateur le point de vue des chiens enfermés dans des cages observant la sauvagerie animale des êtres ''humains". À noter que le film est tiré d'une histoire vraie... Et la fiction dépasse la réalité !

Daddy-Cool
8
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le 12 juil. 2018

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Daddy-Cool

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