DOGS (13,2) (Bogdan Mirica, ROU, 2016, 104min) :


Un polar rural décrivant l’arrivée du citadin Roman dans une campagne reculée de la Roumanie afin de revendre les terres de son grand-père décédé. Présenté dans le cadre du Festival de Cannes 2016 dans la sélection « Un certain regard », cet objet cinématographique confirme la très bonne santé du cinéma roumain qui propose des films de haute qualité après Sieranevada de Puiu, Baccalauréat de Mungiu et l’excellent Illégitime de Sitaru. Ce jeune réalisateur roumain pour son premier long métrage nous propose un film de genre pour conter son histoire comme un western de l’Ouest américain transposé sur les plaines roumaine. D’emblée son lange cinématographique impressionne avec un lent plan séquence introductif magnifiquement inquiétant. Le décor est planté ! Sa mise en scène n’aura dès lors de cesse d’utiliser des cardes fixes millimétrés et des lent mouvements de caméra ultra (trop ?) maîtrisé ! Le réalisateur nous suggère une atmosphère poisseuse, hanté par des cris d’une chienne (Police), des phares dans la nuit, etc pour nous conter une enquête à la suite de la découverte d’un pied retrouvé sans son corps dans une rivière toute proche. Le cinéaste talentueux utilise judicieusement les paysages sauvages et possède manifestement le sens de la langueur mais dont malheureusement il ne se détachera jamais. S’appuyant sur un scénario assez simpliste et parfois bizarrement sacrifié dans le dernier tiers du film, il améliore son récit en utilisant des ellipses qui permettent de mieux démontrer les failles des institutions roumaines, d’en faire une vrai critique sociale et de faire monter une certaine angoisse. On peut noter toutefois un sagace humour noir très désabusé, la récurrence de certaines métaphores animalières, et la léthargie qui colle aux basques de tous les anti-héros de l’histoire pour nous faire comprendre que sous le vernis de la civilisation en chacun de nous sommeille une certaine violence. Heureusement la narration s’appuie sur des interprètes imprégnés de leur rôle notamment dans le rôle du policier ou plutôt du shérif, un vieil homme genre No country for old men des frères Coen parfaitement campé par un acteur de théâtre : Gheorghe Visu. Cet acteur est bien épaulé par le solide acteur Dragos Bucur dans le rôle de Roman le petit-fils du grand-père, et de Vlad Ivanov (4 mois, 3 semaines, 2 jours) en parfait méchant. Un premier long métrage qui démontre un certain talent mais s’enferme trop dans son dispositif de départ pour s’étouffer un peu dans son ambition. Venez découvrir la Roumanie en mode War West dans Dogs. Difus, fascinant, épuré et primitif.

seb2046
6
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le 28 sept. 2016

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