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Finalement, il semblerait que les courts-métrages barrés de Toshio Matsumoto ("Atman", "Le Chant des pierres", "Everything Visible Is Empty", "Metastasis") soient plus digestes que ses films de format plus long. La dimension expérimentale et foutraque subie dans "Les Funérailles des roses" était en quelque sorte contenue par les limitations esthétiques et narratives de son époque, les années 60 finissantes, mais "Dogura Magura" lâche en quelque sorte les chevaux, dans un style complètement différent. Je suppose que c'est avant tout une question d'adhésion au concept : un jeune homme se réveille dans une sorte d'hôpital psychiatrique et semble souffrir d'amnésie. Il va peu à peu essayer de recoller les morceaux, exactement comme le spectateur, au gré des bribes d'informations lâchées par les docteurs en charge de sa rééducation. Et cette fragmentation totale des souvenirs et de la conscience, partagée entre réalité et imagination, constitue l'argument essentiel du film.


Mais c'est un exercice de style très poussif, malheureusement. On se désintéresse assez vite du registre de réalité dans lequel on se place, alors que c'est précisément ce qui est censé maintenir l'intérêt : est-on dans un rêve, dans un rêve dans un rêve, est-ce une hallucination ? On n'en finit pas de se poser des questions, de consulter des revues de presse abordant des meurtres et autres disparitions, tout découlant de l'interrogation première — le jeune homme aurait assassiné sa fiancée le jour de leur mariage. Mais le thème du mystère et de la mémoire malmenée est très mal manipulé par Matsumoto, de telle sorte que ça devient assez vite pénible à regarder, sur fond de théorie biologico-médicale en lien avec une malédiction transmise de génération en génération, aussi peu passionnante que le reste. Le film arbore d'innombrables particularités formelles, probablement la caractéristique le plus distrayante du projet, avec des séquences horrifiques (expérimentations sur des corps), des séquences narrées comme dans une pièce de théâtre, et un final complètement frénétique sur le plan colorimétrique (imagerie surréaliste baignée de rouge prend le dessus).


En tout état de cause, le jeu concocté par les deux docteurs peine à susciter un intérêt soutenu, au même titre que leur degré d'hygiène mentale. Le dédale psychologique nous emmène très rapidement dans une impasse, dont les ambiguïtés ne sont pas follement engageantes. Lire le roman originel aiderait potentiellement à y voir plus clair.

Créée

le 14 janv. 2025

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Morrinson

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