On coupe les fils, et ils s'effondrent
Le début laissait présager du meilleur, avec une histoire d'une simplicité absolue mais qui respirait une telle humanité que, pour une fois chez Kitano, j'arrivais à combler l'immense respiration de la mise en scène et le non-jeu volontaire de certains acteurs. Mon coeur se gonflait de tristesse au fur et à mesure que j'observais la rédemption d'un amour trahi. Je sentais quelque chose de vrai, une sincérité qui rendait importants les rares gestes, les rares paroles et, surtout, l'étreinte inattendue qui résumait tout.
Ensuite, deux nouvelles histoires venaient s'entremêler à la première. L'Amour prenait différents visages: à la rédemption venait s'ajouter l'obsession et la mélancolie de la vieillesse. Le thème vivait, vibrait de toutes ses cordes et la musique semblait complète. Et puis, la dernière partie du film, interminable.
Les deux amants du début marchent, ensemble, pour l'Eternité. Et on les suit, longtemps, transition poétique parfaite entre les histoires et les personnages présentés. Mais les deux dernières histoires sont rapidement expédiées. Beaucoup trop vite. Ce qui fait que, avant les trois-quarts du film, il ne reste plus que les deux amants qui marchent. Longtemps.
Les décors sont magnifiques, grandioses. Mais la marche se poursuit jusqu'à l'absurde, jusqu'à l'ennui. Kitano se regarde à nouveau filmer et je soupire. A vouloir étirer artificiellement la magie d'une relation brisée et recollée avec le ciment du regret, il finit par ne plus rester grand chose. Ha si, quand même: la frustration de ne pas avoir davantage voyagé avec les autres personnages, parce qu'avec ces deux muets habillés en marionnettes de bunraku, on a finalement fait le tour, merci.