Un doux poème mélancolique.
On ne présente plus la marque de fabrique des films de Takeshi Kitano. Dolls n'échappe pas à la règle, on sent très bien la patte Kitano, un film très contemplatif avec ses longs plans fixes. Ici, on laisse tomber la violence, le seul yakuza qu'on croise est un viel homme mélancolique et ses souvenirs.
Kitano va directement s'inspirer du Bunraku, un théâtre de marionnette, chaque personnage représentant une marionnette.
Takeshi Kitano va porter sa camera sur ces individus, ces marginaux, ceux qui attirent l'oeil pour finalement faire partie du paysage. On suit trois histoires sur l'amour, sur la passion, sur le dévouement à l'autre. Trois histoires victiment de leurs destinés. Telles les marionnettes du Bunraku, guidées et manipulées, ne pouvant échapper à leurs sorts, les personnages subissent leurs destins. Ils savent qu'il n'est pas possible d'aller à l'encontre de leurs prédestinés, ils sont résolus et avancent, au fil des saisons, vers une fatalité, leur fatalité.
L'esthétique est soigné, les costumes resplendissants et les couleurs travaillées. Kitano a décidé de suivre les quatre saisons de l'année, ainsi, c'est sous les fleurs des cerisiers qu'on commence à plonger dans le film, puis la place est laissé aux couleurs verdoyantes de l'été et aux feuilles mortes de l'automne, mais c'est finalement sous des paysages silencieux recouverts par la neige qu'on se lève de nos fauteuils et qu'on abandonne nos personnages comme le marionnettiste laissera ses poupées au fond de leurs boîtes à la fin la pièce.
C'est une véritable déclaration à la beauté que nous offre l'un des plus grand cinéaste d'aujourd'hui. Pourtant il nous montre également qu'autant de délicatesse ne dure pas. Rien ne dure, que ça soit la beauté des paysages constamment en mutation ou la pureté dans les relations humaines.