Téléfilm de luxe

Donc, les Danois, quand ils veulent faire un téléfilm, ils font appel à Brian de Palma pour le réaliser.
Si le film, dans son ensemble, ne serait pas déshonorant pour un quidam, il ne comporte pas grand chose qui rappellerait le réalisateur de L'Impasse.
Niveau suspense, on sent que le cinéaste essaie à plusieurs reprises, mais ne réussit vraiment qu'à la scène finale. Le reste du temps, il bute sur des questions de rythme, le montage ne prenant clairement pas le temps d'instaurer un suspense. De plus, le côté prévisible de l'action pendant les trois quart du film ne facilite pas les choses, loin de là. Enfin, le tout est noyé sous une musique grandiloquente qui étouffe toute émotion.

Et pourtant, ça fonctionne pour la scène finale. S'il y avait une raison pour voir ce film, ce serait celle-là. Je ne vais pas trop en parler pour ne rien gâcher, mais elle est vraiment sympa...

Côté action, le film est un peu plus subtil qu'il n'y paraît. certes, il semble, au premier degré, décrire l'Europe comme une passoire à terroristes islamistes. Mais quand on y regarde attentivement, on y voit l'intervention américaine qui se plaît à déstabiliser les équilibres régionaux pour ses propres intérêts (le personnage interprété par Guy Pearce est sans doute l'un des plus intéressants du film). Et puis, avec une certaine intelligence, le film pointe du doigt le rôle du conflit en Libye (conflit instauré par les "démocraties" occidentales dans leur croisade qui consiste à faire croire que l'on impose une démocratie à coups de bombes) dans le processus de développement de groupes terroristes et dans l'escalade de violence que l'on connaît actuellement (peut-être est-ce cela le Domino du titre, en référence à la Théorie des dominos)
Hélas, cela aboutit sur... pas grand chose. Mais ça a le mérite d'être évoqué, c'est déjà pas mal.

Du grand Brian de Palma, on retrouve cette fascination pour les écrans. Comme dans tant d'autres films, le cinéaste déploie ici tout un réseau d'écrans et se plaît à montrer la mise en scène de la violence. Là, le thème du terrorisme lui offre une possibilité forte de s'amuser avec la question de la représentation et la force des images. Les ultimes images du film sont assez troublantes de ce point de vue.
Il y a donc du potentiel dans ce film. Mais que c'est filmé avec platitude ! Que c'est interprété avec platitude ! Que les dialogues sont nuls ! C'est vraiment dommage, avec un tel potentiel et un tel cinéaste, d'aboutir visuellement à ce qui n'est guère plus qu'un vague téléfilm.

[5,5]