Fleischer livre sa version du Parrain avec Angelo is dead, un polar mafieux à l’ambition limitée mais totalement assumée. Pas de grande fresque familiale ici, simplement la tranche de vie furieuse d’une bande de tueurs à l’italienne, du gunfight sec qui va à l’essentiel, une trame tortueuse faite de faux semblant et des jeux de manipulation plus ou moins efficaces.
Plus ou moins parce qu’il n’y a pas vraiment de mystère dans l’écriture de Don Angelo is dead, généralement le spectateur a toujours un temps d’avance sur ce qui se passe à l’écran, Fleischer préférant filmer les noires conséquences de ces jeux de dupe, plutôt que de faire des hommes responsables du jeu de massacre qui se joue à l’écran une énigme à éclaircir.
C’est peut-être d’ailleurs bien la limite du film, puisque tout le reste est de belle tenue. La fougue caméra à l’œil du bonhomme est de la partie, et les marionnettes qui s’étripent devant ses objectifs livrent globalement une belle partition, Anthony Quinn menant la charge avec un aplomb de chaque instant, rattrapant les errances de Robert Foster qui est le seul à traîner un peu la patte.
Alors avec autant de chouettes composantes dans sa besace, on ne peut s’empêcher d’espérer que Fleischer aille plus loin que sa note d’intention. Caprice de spectateur ingrat sans doute qui fait qu’on finit la séance un poil déçu alors que toutes les promesses des premières minutes ont été tenues. Les peaux de vache à la veste réversibles en ont pris plein la tronche, les pertes humaines ont été très lourdes et à aucun moment la caméra ne s’est détournée du champ de bataille.
Fleischer livre avec Don Angelo is dead une nouvelle bobine désespérée, qu’il conclut bien évidemment avec le panache propre au seventies, dans la violence et l’émotion. De quoi limiter la petite déception de ne pas l’avoir vu prendre davantage de risques pour donner une autre dimension à cette série B mafieuse partiellement exploitée certes, mais globalement très efficace.