Tout comme je le disais dans mon petit commentaire à propos de "Don Camillo Monseigneur", le duo vedette a perdu un peu de sa superbe. Ainsi se termine une saga entamée 13 ans plus tôt.
Du moins officiellement, car la production a tenu à poursuivre le tournage du 6ème épisode en dépit des problèmes de santé de Fernandel rencontrés au cours du tournage qu'il a été contraint de stopper, et malgré le fait que Gino Cervi ait quitté le navire pour la bonne et simple raison que "sans Fernandel, Don Camillo n’est plus Don Camillo". Bien que n’ayant jamais vu "Don Camillo et les contestataires", film non officiel de la saga, je pense que Gino Cervi n’avait pas tort et on peut saluer ce geste qui a dû lui coûter quelques frais relatifs à la rupture du contrat.
Mais revenons-en à cette virée en Russie. Nous savons tous que l’emblématique maire de Brescello arbore fièrement la couleur rouge de son courant politique, aussi il parait logique qu’il veuille jumeler son village à une commune soviétique. Le curé de choc voit là encore une occasion d’entrer en conflit avec son frère ennemi, et participe au voyage, sans ses effets religieux (à quelques détails près).
Il s’ensuit de nouvelles situations cocasses, et tout ce qui a fait le succès de ce duo hors normes : les joutes verbales aux répliques cinglantes, l’expression scénique riche en mimiques, tout cela sur cette éternelle bataille politico-religieuse baignée dans une évidente complicité de tous les instants.
Comme d’habitude, les deux lascars n’ont pas froid aux yeux : après tout, ils viennent d’un pays somme toute ensoleillé : ils ont le sang chaud ! Alors quand on voit Peppone s’adonner à un concours de verres, et Don Camillo donner des cours pour imposer Dieu là où on le demande, ça donne des situations truculentes. Aussi, j’ose affirmer que "Don Camillo en Russie" est un peu supérieur à "Don Camillo Monseigneur", mais reste en-deçà des trois premiers opus.
Peu importe, nous avons toujours les ingrédients que nous demandions, d’autant plus que si on regarde l’ensemble de l’œuvre (à condition de prendre un peu de recul), on voit qu’elle a été animée par une réelle complicité, une ambiance bon enfant, sans jamais tomber dans la vulgarité, et que les deux acteurs vedettes ont pris énormément de plaisir dans leur rôle respectif et à jouer ensemble. Ça tombe bien, nous nous sommes bien amusés aussi, et ce fut un réel plaisir de les suivre. Sans conteste la meilleure saga du grand écran français encore à ce jour.