Cinquième et dernier opus des Don Camillo avec le duo habituel Fernandel/Gino Cervi. Cette fois-ci c'est Luigi Comencini qui est à la manœuvre après Carmine Gallone.
Et il commence par me poser un problème existentiel.
Il se déroule en 1965 au moment du passage de Khrouchtchev à Brejnev ; d'ailleurs, on voit dans le film le changement en douce des photos officielles sur les murs qui ne reçoit d'ailleurs aucune explication de la part des autorités.
Il se passe en 1965 soit quatre ans après "Don Camillo Monsignore".
Or après 1965, il n'y a plus de "coexistence pacifique" entre les deux blocs est-Ouest.
Et le double problème que je soulève est que le petit père des peuples Don Camillo est rétrogradé simple curé à Brescello, la ville située entre fleuve et montagne tandis que l'autre petit père des peuples Peppone est rétrogradé de sénateur à maire.
Alors je pose la question de confiance, comment explique-t-on cela ? Pas question qu'on me réponde "en fait, le 5 se passe avant le 4 car on tombe sur une aberration historique.
Le plus plausible est de considérer que l'un et l'autre ont commis chacun une énorme bêtise entre 1961 et 1965 les faisant rétrograder à leur situation initiale ! Mais j'aurais bien aimé savoir laquelle, quand même !
Bon, admettons, ce film reprend bien entendu les scènes classiques habituelles (Don Camillo actionne les cloches de l'église pendant un meeting de Peppone) ; la nouveauté, c'est la grève de la faim que Jésus lui fait arrêter (normal, il ne peut admettre le suicide) et où Don Camillo se goinfre le frigo sous scellés (dont il laisse la porte ouverte pendant son repas pantagruélique, ce qui n'est pas recommandé pour le frigo).
Le clou du spectacle c'est bien entendu le voyage de jumelage que vont entreprendre les pontes de la mairie et Don Camillo.
Don Camillo est habillé en civil (pour ne pas attirer l'attention) mais j'avouerais qu'il ne se passe pas grand chose à part la scène où Don Camillo remet en fonction, à coups de pompes dans le train, le pope du village (qui avait jeté l'éponge, son église étant transformée en grange).
Quelques petits gags pas trop mal sur le matériel du curé maquillé en objets inoffensifs comme le bréviaire en "pensées de Lénine" qui trouvera son symétrique à la fin où le "manifeste du parti communiste" de Peppone sera maquillé en bréviaire...
Ce film rompt toutefois avec un style particulier où les deux protagonistes s'appuyaient sur la population du village pratiquement inexistante ici. L'idée, excellente du référendum, est escamotée. On a essentiellement affaire aux deux personnages Don Camillo face à Peppone. Et il me semble que l'intrigue en pâtit.
Jean Debucourt (la voix de Jésus) étant décédé en 1958, il est remplacé dans cet épisode par Jean Topart, l'homme capable de faire pleurer le public en lisant simplement l'annuaire.
Ce cinquième épisode me semble à peu près du même niveau de "Don Camillo Monsignore" avec en moins l'erreur scénaristique et en plus le voyage au paradis soviétique.
Le grand défaut de ce film me semble surtout d'avoir concentré le film sur les deux personnages alors que les épisodes antérieurs mettaient en scène des personnages du village qui élargissaient la vision qu'on pouvait avoir du film en provoquant un troisième axe au film (le meilleur était la présence de l'institutrice, Mme Cristina, jouée par Sylvie dans "le petit monde de Don Camillo)