De deux choses l’une : soit Joseph se prend pour Jésus (un comble), soit Gordon lévite au dessus de risques que son scénar aurait pu prendre, ce qui du coup ne nous épargne pas l’hypocrisie somme toute ironique dans laquelle son film se vautre finalement.
Le discours se veut cynique, notamment au début, et se révèle comme à l’accoutumée dans ce genre d’exercice parfaitement lourd et plombé par un ton artificiel : Don Jon est un trou duc (encore un), Don Jon note le physique des filles (bouh c’est pas bien), Don Jon se branle sur PornHub (encore un), Don Jon reproduit le schéma machiste paternel (bouh c’est pas bien), Don Jon va à l’église (mais seulement et systématiquement après avoir insulté des gars en voiture).
Boouuuuuuhhh !!!!
Rien d’étonnant, Jon est un pauvre connard typique de notre époque essayant de combler un vide existentiallo-sentimental en colmatant son karma en gruyère avec la vacuité ambiante : belle caisse, beaux meubles, belle pouffe tout ça tout ça.
Mais rassurez vous, tel Jésus, le seigneur Jon montre la voie de la rédemption par l’amour et sauve son âme bla bla arrête le porno bla bla bla se branle plus bla bla nique dans une voiture bla bla tombe amoureux de la fille niquée dans la voiture bla bla bla va chez le coiffeur bla bla BLAAAAAA.
De deux choses l’une : soit Gordon Levitt se fout de notre gueule, soit son hypocrisie dépasse ses propres ambitions. Il s’acharne donc à démonter des schémas qu’il finit par emprunter (encore un) ; parce que les comédies romantiques c’est de la merde mais en fin de compte c’est bien utile de se servir de leur codes pour s’arranger un happy end sauce Sundance (bouh c’est pas bien). On remplace le beau gosse et la belle cruche par un connard repenti (encore un) et une vieille veuve fumeuse d’herbe (bouh c’est pas bien), paf paf un ou deux effets indé, une petite morale qu’elle est cro mignonne et on emballe.
Donc, le porno et l’onanisme c’est un truc normal mais c’est le mal et c’est égoïste mais c’est bien pour se décharger mais c’est mieux de le faire en louchant sur les yeux de bobonne avec une lumière tamisée dans le fond parce que s’abandonner à l’autre c’est finalement mieux en missionnaire parce que c’est l’amour.
Il a beau filmer proprement le Joseph, n’empêche que c’est plein de gimmick aussi inédits qu’un épisode de Derrick (time lapse, montage (ouvrez les guillemets) nerveux (fermez les guillemets) de type publicitaire, musique (ouvrez les guillemets) ironique (fermez les guillemets) —et je vous passe la caméra à l’épaule et les halos de lumière d’après midi automnale vers la fin, et que derrière tout ça le propos est certes louable, mais paradoxalement beaucoup trop naïf pour donner du crédit à son cynisme affiché.
Et ça vaut aussi dans le sens inverse.
Un connard reste un connard, et il se branlera toujours jusqu’à la fin de sa vie, qu’il se tape une vieille nympho dépressive fumeuse de joints ou pas, et puis d’abord ça n’existe pas qu’on se tape un vieille nympho dépressive fumeuse de joint au lieu de clouer Scarlett au lit tous les soirs de la semaine que Dieu fait.
Je ne peux tout de même pas achever ce billet sans saluer au passage l’exploit réalisé : rendre Scarlett laide comme un boudin éclaboussé de peinture tombé dans un tas de linge de putes décédées et doué de la faculté de rouler du cul. Comme quoi, s’il fallait encore le prouver, on peut être bonne et ne ressembler à rien de décent. Sans doute la résultante d’un mécanisme pervers capable de rendre la vulgarité bandante. C’est assez tordu. Je regarderai de nouveau Avengers pour m'expier de cette déviance visuelle.
Heureusement que Tony Danza sauve quelques meubles, plus qu’une sœur laconique dont la seule phrase prononcée, fade, invite à l’inviter à continuer à la fermer. Sacré Tony, même en ménage. Si madame avait été là, elle aurait au moins été servie.