Confession d'un accro au porno
Johnny est un connard. Il conduit comme un connard, en insultant tout le monde sur son passage. Il séduit comme un connard, ne cherchant que des baises occasionnelles et non des relations durables. Il se comporte comme un connard, donnant des notes aux filles (forcément, Scarlett Johansson, elle a 10/10, mais voilà quoi... toute autre note aurait été inconcevable). Pour lui, une fille se limite à des seins, un cul et une chatte. Et encore, cela ne suffit-il pas à le satisfaire.
Voilà pourquoi, il attend que la fille soit endormie et il quitte le lit pour aller se mater des vidéos porno sur internet. Car pour Johnny, rien ne vaut le porno. Même une véritable baise, c'est ringard en comparaison. Le must du must, c'est une petite branlette devant un porno.
Don Jon est donc l'autoportrait d'un connard quatre étoiles. Pour sa défense, il faut signaler que la connerie semble être génétique, puisque John Senior ne vaut guère mieux. Mais le fils ne se contente pas d'être un abruti fini, c'est aussi un accro au porno. Et c'est là que le film prend vraiment de la valeur à mes yeux : montrer comment le porno peut devenir une drogue, comment il peut créer une addiction. Car le personnage (comme beaucoup, hélas) ne vit que pour cela, et sa vision du monde en est complètement déformée. Les filles ne valent que pour leurs attraits physiques et sont décevantes parce qu'elles ne font pas ce qu'on leur voit faire dans les films. Le porno est devenu réalité pour lui, une sur-réalité meilleure que la vraie. Et toutes ses relations avec les femmes est basée sur cette conception.
Alors, forcément, Johnny étant le narrateur du film, ça donne un film plutôt vulgaire, puisque le personnage est vulgaire. C'est logique, c'est cohérent, mais c'est surtout très lourd. Et pas drôle un seul instant. répéter à l'infini les mots seins, bite, cul, chatte, pipe, sodomie, ça va bien cinq minutes, mais ça ne m'a jamais fait vraiment rire. Il y a bien quelques passages assez drôles, comme quand Johnny critique les films romantiques sous prétexte qu'ils ne sont pas réalistes et qu'ils sont tous identiques (comme si le porno, c'était réaliste et original), mais ça n'entraîne que quelques sourires, rien de plus.
Alors, forcément, on sent arriver l'histoire de rédemption par l'amour. Là aussi, rien de vraiment original, et en plus ça se traîne vraiment. Il n'y a guère que le dernier quart d'heure qui sauve le film, grâce à la prestation exemplaire de Julianne Moore.
Si, à cela, on ajoute le grand intérêt du film, à savoir la possibilité de revoir Tony Danza, LE Tony Danza, alors on peut passer quelques minutes sympa, mais pas assez pour faire un bon film.