Ne pas mourir, c’est ne pas accepter la vie comme elle est.

Non, Bryan, tu ne vis pas dans L’étrange histoire de Benjamin Button.

Je vais dire ce que probablement tout le monde a dit, mais je me lance. Son slogan c’est « Ne pas mourir », sauf que ne pas mourir, c’est aussi ne pas accepter la vie comme elle l’est déjà. La mort fait partie de la vie. Il est une étape obligatoire de la vie, malgré la souffrance que ça peut apporter, malgré la maladie, malgré la santé qui dégénère. Une totale déconnexion de l’existence. Ici, on parle d’une performance plutôt qu’une existence.

Je pense aussi que, métaphoriquement parlant, Bryan Johnson est mort en dedans. Je m’explique. Déjà qu’il était dépressif avant de se lancer là-dedans, si tu passes ta vie à avoir une vie stricte et surveillée par des médecins, des scientifiques, des professionnels de la santé 24/24, avec des exercices, une alimentation quasi pareille, des pilules, etc, c’est que d’une certaine manière, il n’a plus de vie. Ça le restreint de faire beaucoup de choses. Et si il abandonne? Et si il dit fuck off à son rajeunissement, même si ça fonctionne?

Évidemment, il est ultra-riche, donc il peut se permettre de dépenser 2 millions de dollars pour ça à chaque années. Ça reviens à un problème élitiste. Une personne de la classe moyenne ne pourrait pas se permettre de se lancer un défi aussi critiquable. En plus, ses produits Blueprint, qui sert à vendre "l’éternité", sont pas achetable, of course, pis il n’a pas un seul produit en bas de 10$. Pourquoi ce serait les Bourges qui soient éternels ? Hein ? J’ai crissement pas envie de ça, pis sûrement que vous aussi.

Autre point, on parle ici de diètes et de régimes stricts. Évidemment, c’est une industrie qui vaut toujours plus cher chaque années. Sauf que, si vous le savez, c’est une industrie manipulatrice qui nous vend des solutions miracles, et on a le même cas pour Brian. En vendant le rejet du vieillissement, il se fait du "capital d’immortalité", donc on revient à des soi-disantes solutions. Mais ce n’est littéralement pas le cas. En plus, il prends des risques pour sa santé, car, même s’il est surveillé par des scientifiques, il teste plein de médicaments anti-vieillissement, dont certains n’ont été testés que sur des souris, et jamais sur des humains. Il joue avec la science comme si c’était un simple jeu d’optimisation, mais à tout moment, son corps peut lui rappeler que l’inconnu a un prix.

Les gens qui adhère à sa philosophie et qui pratique le projet Blueprint avec rigueur, je spécule que si leurs mentalités ne change pas, ils pourraient incarner une sorte de fossilisation de la pensée. Dans 100 ans — je sais pas, je dis ça de même là, je radote des affaires — les mentalités, les technologies, les besoins sociétaux auront radicalement changé. Ces “immortels” risquent alors d’être non seulement inadaptés mais également porteurs de valeurs obsolètes. Peut-être aussi qu’on sera peut être plus là dans 100 ans, mais ça c’est un autre histoire, je digresse. 

Bref, même s’il a l’air d’un gars qui à une certaine Self-Awareness sur son cas, ça reste un homme déconnecté de la vie en soi, prisonnier de son projet existentiel, devenant une figure méprisable aux yeux de plusieurs.