Don't You Forget About Me par Wykydtron IV

Il y a quelques mois j'avais fait cette sorte de marathon durant lequel je me suis fait tous les John Hughes ainsi que d'autres teen movies de la même période ou qui se sont inspirés, plus récemment, du travail du maître. Bien que les films étaient pour la plupart vraiment bons, à force ça finit par gaver, ainsi disons que j'ai fait une pause et que je regarderai d'autres classiques comme Pump up the volume ou Dazed and confused plus tard. Je pensais donc en avoir en quelque sorte fini avec ça mais, après avoir vu les 6 films de Hughes qui ont marqué plusieurs générations d'ados, j'ai visité la page wikipedia du réalisateur sur laquelle une partie est nommée "Don't you forget about me" concernant le documentaire éponyme. Un documentaire sur lui et ses teen movies, comme l'indique le titre qui fait directement référence à la chanson la plus connue de Breakfast club et dont je n'ai pas encore pu réellement me débarasser depuis février, ça ne pouvait que m'intéresser.
Cependant après avoir quitté le genre sur "Porky's", et c'est d'ailleurs vraiment dommage car après ça je m'étais dit que je pouvais pas finir mon marathon sur un film aussi mauvais, j'en avais oublié le documentaire, que je m'étais procuré mais que je n'ai pris le temps de regarder que ce matin.

Le point de départ est clair : John Hughes a quitté Hollywood en 1991, où est-il passé ? Enfin il a disparu en tant que réalisateur en tout cas, car depuis il a scénarisé des Beethowen, des Home alone et Les visiteurs en Amérique, ce qui est loin d'être glorieux alors faisons comme s'il avait vraiment arrêté en 91. De toutes façons il a cherché à se retirer, il n'a plus donné signe de vie à ses anciens collaborateurs, et a signé ses derniers travaux d'écriture sous un faux nom.
Hughes nous est présenté comme quelqu'un qui s'est exclut de la société, qui ne fait pas de commentaires audios sur ses films, et qui n'a jamais aimé être interviewé. Il y a donc vraiment, malgré les merdes qu'il a écrites récemment, de quoi se demander "où est John Hughes ?". Aussi bien dans le sens que "où est le mec qui faisait de bons scripts en un week end ?" que "où se terre se vieux brigand ?", même si je surinterprète et que les quatre amis à l'origine de ce documentaire ne traitent que de la seconde question.

C'est en quelque sorte une bonne chose pour ce film que Hughes tienne tant à sa vie privée, car voilà que Don't you forget about me a un but, une ressource dramatique, comme dans une fiction. Le documentaire commence par le début du road trip des quatres cinéastes amateurs qui se rendent à Chicago, leur but ultime étant de pouvoir aller voir Hughes, l'insaisissable. Il y a donc ce questionnement durant tout le film : vont-ils pouvoir interviewer John Hughes ? Ce n'est pas très dramatisé non plus, les instigateurs du projet se posent des questions sur le trajet et évoquent leurs souvenirs autour des films de Hughes mais sans non plus exprimer un grand stress qui rendrait la conclusion du documentaire vraiment attendue et appréhendée par le spectateur. Cette tension ne se fait sentir que vers la fin, quand ils sont devant sa maison, et que pour une fois le montage n'est plus aussi découpé mais au contraire fait durer les passages où les cinéastes s'interrogent sur les questions à poser et sur la façon de procéder. Il faut voir Hughes, montrer qu'ils ont bossé pendant 2 ans et qu'ils sont sérieux, mais pas l'effrayer ni se montrer irrespectueux de sa vie privée.

En attendant, pendant le trajet en voiture jusqu'à Chicago qui est quand même ce qui doit, si tout se passe bien, mener à l'aboutissement du projet, nous voyons tout ce qui a été fait en 2 ans autour de Hughes, puisqu'évidemment ce dernier n'a pas encore pu être interviewé.
L'importance de la présence d'intervenants vient avant tout du fait que nous voyons des acteurs de Hughes tels qu'ils sont maintenant, et je pense que pour tous ceux qui ont adoré des films comme The Breakfast club, ce documentaire est d'une grande valeur. Il n'y a pas la grande favorite de John, Molly Ringwald, mais j'ai été impressionné de voir d'autres figures de tous les films de Hughes et de pouvoir constater ce à quoi ils ressemblent une fois adultes, car en dehors de ceux qui sont devenus plus célèbres que d'autres comme Anthony Michael Hall, on ne les voit plus tellement. Rien que le fait de les voir de nos jours justifie leur présence, mais bien évidemment, heureusement, ils ont aussi des choses intéressantes à dire. Le documentaire laisse aussi la parole aux anonymes, et si des ados ordinaires et les acteurs de Hughes donnent essentiellement leur avis sur les films et l'impact qu'ils ont eu sur eux, il y a aussi des interviews de collaborateurs s'occupant d'aspects plus techniques qui offrent des informations précieuses.

Nous avons des producteurs qui évoquent comment se fait un film et pourquoi Breakfast club ou Pump up the volume ne seraient pas possible à notre époque ; des scénaristes et réalisateurs diversement influencés par Hughes (Jason Reitman, les producteurs de Napoleon Dynamite, un scénariste de Not another teen movie) qui parlent de la qualité des dialogues et de la différence entre les teen movies de Hughes et ceux de nos jours (ce qui rappelle le thème de Teen spirit, le documentaire de Arte) ; des ados qui rejoignent ce que disent les cinéastes en avouant se reconnaître dans Breakfast club ou Sixteen candles mais pas les films d'aujourd'hui car ils n'ont jamais mis leur penis dans une tarte ; des critiques qui reviennent sur les réactions de la presse à l'époque qui ont démoli Breakfast club ; et des musiciens qui évoquent l'importance de la BO chez Hughes, et le chanteur de Simple minds qui raconte comment la chanson "Don't you forget about me" s'est retrouvée dans Breakfast club et pourquoi il chante "lalala lalala" dans le refrain.

Mon avis ne serait pas complet si je ne réservais pas une partie à mon idole : Kevin Smith. A peine le film a-t-il commencé que je le vois apparaître, devant ses posters de Chasing Amy, à parler de Hughes. C'est vrai que j'avais comparé Breakfast club, juste après l'avoir vu, à Clerks, car une fois la vision de chacun d'eux achevée il y a cette sensation de plaisir et de manque, l'envie de savoir ce qui se passe le jour d'après, alors que justement ces films sont si prenants car paraissent évoquer le bien-être d'un moment éphémère, à savoir une seule journée avec ses hauts et ses bas dans la peau de quelques personnages.
Je le savais car je l'avais lu avant même de voir des films de Hughes, à part La folle journée de Ferris Bueler, Smith rendait hommage aux teen movies dans son second long-métrage, Mallrats, qui est beaucoup plus puéril ; mais l'évocation de thèmes similaire ne suffit pas, l'esprit même de Breakfast club ne se retrouve vraiment que dans Clerks. Heureusement que ce documentaire est là pour m'avoir fait réfléchir à ça, et après il l'a même confirmé puisque Smith dit qu'il n'aurait pas fait ses films sans Hughes, et que dans Clerks il voulait des personnages qui le représentent tout comme il s'était reconnu chez les films de son modèle.
A part ça, Kevin Smith est de loin l'intervenant le plus marrant de tout le documentaire, le seul en fait, et est carrément hilarant. Voilà ce qu'il dit à propos de son identification dans les films : "I love the Die hard movies but I can't identify with John McClane : I wouldn't shoot somebody, I wouldn't jump off from the top of a building, I would never take my shirt off in public". :incline:

Un documentaire qui fait plaisir rien que par le sujet abordé et les gens qu'on voit en parler, mais qui est assez bon aussi concernant sa construction. Pour une fois, contrairement à certains documentaires ou making of qui finissent pas me saouler, des images des films sont réutilisées mais pas sans fonction, puisqu'elles correspondent en général à ce qui est dit et en plus de ça nous montrent un acteur dans un des films avant de nous le montrer une fois adulte, afin qu'on comprenne de suite de qui il s'agit.
Donc c'est un film qui me touche personnellement et qui est bien réalisé. En plus j'aime les fans qui vont au bout de leur passion, et c'est le cas des quatre créateurs de Don't you forget about me.

Je savais déjà que Hughes était mort, mais je l'ai appris alors qu'il n'avait pas encore vraiment d'importance pour moi, or en voyant ce documentaire ça m'a fait prendre conscience, comme ça aurait du l'être à l'époque si j'avais vu ses films, de la gravité de la chose.

Le blog du documentaire :
http://dontyouforgetaboutmethedocumentary.blogspot.com/
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le 29 mars 2011

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Wykydtron IV

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