Pas grand monde n'aurait misé un centime sur la réussite d'une adaptation de Donjons & Dragons, non ?
Surtout en se souvenant de l'adaptation de l'hiver 2000, qui en aura laissé plus d'un le carreau, et même aveugle pour les cas les plus graves et désespérés.
C'était évident que L'Honneur des Voleurs, ça allait être pareil, en version upgradée de toutes les tares du blockbuster moderne, entre effets spéciaux qui tachent, appétence pour l'adolescence imbécile et humour consternant.
Avouez que vous aviez déjà réservé vos plus belles haches et aiguisé vos plus scintillantes lames critiques pour accueillir ce qui s'annonçait comme un nouveau naufrage honteux, un autre stade terminal de la dégénérescence cinématographique US.
Sauf que non, à mon plus grand étonnement.
Car on ne peut que passer un très bon moment devant L'Honneur des Voleurs, même si les jeux de rôles nous sont totalement inconnus, tellement les scénaristes de la choses semblent avoir dévalisé avec délice le magasin de bonbons que constituait cet univers. Et qu'avec une jouissance non feinte, ceux-ci ont investi leur propre campagne autour d'un club de losers immédiatement attachants.
Une joie communicative qui traverse l'écran, il faut bien l'avouer, une fois une scène de flashback initiale digérée, parce qu'un peu lourde et convenue. Pour mieux laisser place à une aventure sans aucun temps mort, aux vignettes parfois originales, comme ce casse de diligence ou une évasion qui à tout de l'absurde. Soit des péripéties variées dans des décors qui le sont tout autant.
L'humour, élément sans doute le plus redouté, n'est pas des plus finauds par instants, mais ne verse cependant jamais dans la parodie gratuite pour se moquer du genre heroic fantasy dans lequel évolue l'oeuvre. On se rapproche dès lors plus d'une dérision à la Gardiens de la Galaxie que du lourdingue d'un Thor : Love & Thunder ou du récent Shazam : La Rage des Dieux, tandis que l'aspect old school de l'entreprise pourra faire se souvenir de Dark Crystal ou de Willow.
Et si, ne nous voilons pas la face, le poids du cahier des charges se fait parfois sentir, tout comme l'aspect tout public qui ne fera jamais couler le sang, L'Honneur des Voleurs est animé par une sacrée énergie et une volonté de bien faire que l'on ne peut que saluer, tant l'honnêteté et la générosité du divertissement éclaboussent l'écran.
Soit un enthousiasme qui fait cruellement défaut à une adaptation du type Super Mario Bros. : Le Film.
Jeu de plateau ou jeu vidéo : le masqué a quant à lui déjà choisi son camp.
Behind_the_Mask, gros comme un dragon.