Autopsie d’un hôpital à bout de souffle et où le système de santé défavorise les plus pauvres…

À Conakry, en Guinée, se trouve l’hôpital de Donka, c’est le plus important du pays et a vu le jour à la fin des années 50, à la fin de l’époque coloniale. D’une capacité de 350 lit (au moment du tournage dans les années 90, car de nos jours et après de nombreuses rénovations, sa capacité à doublé), il est entièrement géré par l’État, mais à force de cumuler un déficit budgétaire considérable, l’État à été contraint de rendre payant l’accès aux soins afin d’assurer à l’hôpital son autonomie financière.


C’est tout le travail que tend à montrer le réalisateur belge Thierry Michel, le quotidien de cet hôpital et son fonctionnement où pendant 6 semaines, il a pu filmer dans différents services (urgences, gynécologie, chirurgie, maternité, …). Contraint et forcé d’assurer sa mission de service public de façon payante pour tenter d’enrayer un profond déficit, les malades n’ont que trop souvent pas d’autre solution que de se laisser mourir. Les exemples sont nombreux et c’est à chaque fois un déchirement. On y croise un homme “ramassé” dans la rue, mal en point, il râle de douleur. Les médecins ont appelé sa famille pour qu’ils viennent régler ses frais de santé. Pendant ce temps-là, le personnel soignant attend, imperturbable, pendant que le malade souffre de toutes ses forces. Les heures passent et sa famille ne viendra jamais, l’homme décèdera dans la nuit… Autre cas, un homme brûlé au second degré décédera lui aussi, faute de soin et il en sera de même avec bon nombre de patients, comme cet enfant dont les parents n’avaient pas de quoi payer les médicaments figurant sur leur ordonnance.


À l’hôpital de Donka, payer la consultation ne suffit pas à vous tirer d'affaires, il faut ensuite pouvoir payer le traitement ou les radiographies / échographies si cela est nécessaire. Quand on sait que les médicaments peuvent parfois représenter plus d’un quart du salaire, il est facile de comprendre que peu de guinéens peuvent se permettre d’aller jusqu’à l’hôpital pour se faire soigner. Quand les patients ne peuvent pas payer les médicaments, les médecins n’ont d’autre solution que de leur proposer d’aller faire l’aumône à la mosquée, quand d’autres vont jusqu’à vendre des objets personnels en espérant récolter quelques Francs guinéens ou tout simplement, quittent l’hôpital pour se tourner vers la médecine traditionnelle et autres marabouts, parce que ce sera toujours la solution la moins chère (mais la moins fiable).


L’hôpital de Donka est à bout de souffle, il est à l’image du pays, le manque d’argent est criant. Quand la pharmacie de l'hôpital n'a pas les médicaments souhaités, elle renvoie les patients vers les pharmacies privées situées en centre ville. La vétusté du bâtiment n’est plus à démontrer, l'ascenseur est en panne depuis de nombreuses années, obligeant les brancardiers à transporter les patients par l’escalier à travers les 5 étages que compte l’hôpital. Les coupures de courant sont légions et ne perturbent pas le moins du monde les médecins qui s’affairent en pleine opération. Quand on sait que le taux de mortalité avoisine les 60 à 75% au sein même de l’hôpital et qu’il suffirait de rendre l’accès aux soins gratuits, c’est bien évidemment plus facile à dire qu’à faire.


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le 12 juil. 2024

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