Que dire sur ce film si ce n'est qu'il m'a laissé perplexe. Ce film m'a beaucoup perturbé que ce soit par sa façon d'être autant que par son but que j'ai toujours du mal à distinguer. Cette critique, qui n'en sera pas vraiment une, sera plus que subjective parce que, pour moi, ce film peut être vu de 100 façons différentes alors rentrons dans le vif du sujet et voici ma façon à moi de l'aborder :
Ce film est un OVNI du cinéma, un inclassable, il n'est pas "compréhensible" en soit. Il n'y a pas forcement d'intrigue (ou du moins pas de dénouement de cette intrigue), il y a une multitude de sujets abordés dont plusieurs m'ont marqués. Il est à la fois bien réalisé, hyper bien mis en scène et pourtant complètement décousu et irrationnel (un style à la Shutter Island, Fight Club ou Un Homme d'exception pour faire de grossières comparaisons) où la réalité et le rêve de mélangent jusqu'à ce que les frontières entre les deux soit quasiment inexistantes.
Au premier abord il sert à critiquer la société et le système éducatif américain (avec leur icône de la bonne conscience qui se trouve être un pédophile torturé), c'est l'exemple typique de l'anti héro incompris (malgré le fait qu'il comprends mieux le monde qui l'entoure que ceux qu'il fréquente) et mis à l'écart, se retrouvant seul face à lui même.
La mise en scène crée l'incompréhension par le paradoxe temporel (l'un des thèmes exploités) qui mélange les deux destinées du héro lorsque le réacteur tombe sur sa maison. Or les deux destins finisse par le même résultat. Les événements du films entraîne l'élément déclencheur de celui ci et ainsi de suite, donc, on n'échappe pas à sa destinée, comme il le dit lui même dans le film quand il discute avec son professeur :
D: Chaque créature vivante suit un chemin préétabli, donc si l’on pouvait voir son chemin, son canal, cela voudrait dire qu’on peut voir l’avenir. Ce serait une forme de voyage dans le temps.
P: Oui mais tu te contredis toi-même Donnie, si on était capable de voir nos destinées se manifester virtuellement, ça expliquerait qu’on aurait le choix de trahir cette destinée qui nous est imposée et ceci mettrait fin à toute forme de destinée préétablie.
D: Pas si on voyage dans le canal de Dieu !
Du coup le film traite 5 ou 6 thèmes différents en une seule et même personne : La frontiere rêve/réalité, les paradoxes temporels, une critique de la société, la destinée, l'être supérieur etc... Donc le film n'est pas à comprendre mais il nous laisse subjugué sans que l'on ne sache pourquoi car le film lui même nous dépasse.
Une phrase m'a fais beaucoup réfléchir et je suppose que vous aussi car c'est le plus culte de ce film je pense :
- Pourquoi ce déguisement de lapin ridicule ?
- Pourquoi ce déguisement d’homme ridicule ?
Cette phrase pour moi résume l'aspect hors du commun de ce personnage tout comme l'aspect hors du commun de ce film. Donnie, qui réfléchi de manière a oublié tout ce qu'il connait de rationnel pour aller plus loin (la destinée, les voyage dans le temps, l'être supérieur...) à une conscience et une compréhension qui dépasse l'aspect humain et rationnel (forcément), il est "l'élu" et doit accomplir la destinée du monde (qui se trouve finalement être son monde à lui). Donnie dépasse alors de loin toute personne vivant sur terre par sa simplicité et sa compréhension (cf le passage sur les schtroumpfs et la schtroumpfette)
Mais faut pas oublié que c'est lui qui se parle à lui même par le biais de Frank.. Donc il ne se considère pas comme humain. Ce qui peut paraître normal puisque sa famille, sa psy et sa petite copine l'ont catégorisés en sociopath et donc mit de côté de la normalité de l'être humain.
En somme un très bon film, j'ai passé un bon moment à le regarder et je prendrais beaucoup de plaisir à le revoir encore. Des scènes me provoquent encore des insomnies par le "mind-fuck" inconsidérables de celle ci, le genre de film que j'aime, qui sort du lot, un cinéma original par Richard Kelly qui à fait un travail remarquable mais malheureusement pas bien exploité par la suite de sa carrière à mon avis.
Second visionnage :
Tout le film est extrêmement caricatural, dans les personnages, le décors, les situations etc. Le film entier est un critique multiple sur de nombreux points clairement défendus par le biais de Donnie. Il représente la minorité, la différence, celui qui n'est pas dans le "moule". Il est étrange pour certains mais c'est la majorité qui le caractérise tel quel. Il prône l'ouverture d'esprit aux choses qui nous dépassent, il défend les multiples différentes façons de penser et d'aborder sa vie. Donnie veut nous faire prendre conscience que tout n'est pas aussi simple et réducteur que les grands mouvements de pensée peuvent nous enseigner.
Le film prend parti dans ce débat au travers de Donnie, qui va critiquer l'éducation religieuse de son lycée mais attribué un rôle à Dieu par la suite. Il ne réfute pas l'idée d'une divinité supérieure mais il se proclame devant la façon dont elle est retranscrite et, notamment enseignée au sein de son lycée.
En dehors de ça, j'ai cru comprendre pour la fin, où on le voit rire dans son lit avant que le réacteur tombe, voudrait dire que, à ce moment même, il a pu voir dans son futur ce qui allait se passer et qu'il a préféré mourir plutôt que de ne voir sa petite amie morte. Je trouve cette l'explication assez logique et elle est pas mal appuyée sur le fait que la fille en question se retrouve dans la scène finale pour demander qui était "ce garçon".
Pour finir ce fut un réel plaisir a revoir ce film, on le voit avec plus de recul et en cherchant une vraie explication. Malgré ça, ce film reste pleins de questions sans réponses et je ne sais même pas s'il existe vraiment une réponse à chaque interrogation que soulève ce film.