Sur fond de menace bactériologique, d'invasion virale et de retour à l'état primitif d'une population laissée à l'abandon par ses élites, Doomsday est surtout l'éclate totale d'un cinéaste enfin pourvu d'un budget confortable qui va dépenser chaque centime de ce dernier pour exaucer toutes ses envies de réalisation. Et en bon geek cinéphile, les références de Neil Marshal sont immenses et chacune d'elle vient s'insérer, avec plus ou moins de réussite, mais en tout cas avec la même générosité à chaque fois, dans une oeuvre multi-genre dont le public cible n'est pas forcément très étendu. Doomsday est en effet réservé aux cinéphiles amateurs de bandes rugueuses qui ont pour référence le cinéma bis et d'action des années 80.
Neil Marshal l'annonce clairement en début de bobine quand il introduit son héroïne, alter ego sans nuance du Snake de Carpenter. Superbement gaulée, la bougresse a des trippes et ne fait pas dans le compromis lorsqu'il faut tataner du vilain. Entre décapitation énervée et headshots généreux, Neil Marshal s'éclate et offre une récréation unique qui contentera quiconque partage ses références et n'essaye surtout pas de recoller les morceaux. Car si le pitch est simpliste, il ne faudra chercher aucune cohérence dans la narration de Doomsday qui n'est qu'un prétexte à la création d'ambiances photographiques superbement senties mélangeant imageries typiques du film du genre mais aussi de la bande dessinée, du comics en particulier.
La succession des différentes cultures punk, médiévales, toujours crasseuses et quasi primitives, parle pour Neil Marshal. L'homme s'en fout clairement d'être cohérent ou crédible, le propos de Doomsday est ailleurs. Il est dans cette grosse bande son qui nous éclate les tympans, dans ces looks recherchés absurdes certes mais terriblement charismatiques, dans cette héroïnes "who doesn't give a fuck" et dans ses collègues qui se font tous dérouiller un par un après avoir éclaté plus qu'à leur tour, et avec classe, une bonne quantité de salopards en tout genre.
On pourra reprocher beaucoup de choses à Doomsday parce qu'il cumule les défauts. Et il sera impossible de contre argumenter avec quelqu'un ayant détesté ce film parce qu'il n'aura pas aimé ce pot pourri d'influences généreuses qui cohabitent alors qu'elles n'ont rien à voir entre elles. Mais à tous les amateurs de péloches bis généreuses qui parviendront à laisser de côté leur bon sens pour s'éclater avec Neil Marshal, en profitant de cette générosité sans limite d'un homme qui prouve à tous qu'il n'est pas cinéaste à faire des concessions, à ceux là seulement, Doomsday fera l'effet d'une récréation revigorante qui en appelle d'autres. Parce que si l'on a bien un sentiment en fin de bobine, lorsque la délicieuse Rhona Mitra fait rouler la tête du nerveux Craig Conway, c'est la frustration. La frustration que ce soit fini et surtout l'envie que ça continue.