Doomsday Book par AntoineRA

Doomsday Book se présente comme une anthologie de trois moyens-métrages de SF, plutôt tournés vers la réflexion d'un avènement de l'humanité, mais sans aucun rapport entre eux. Le 1er et 3ème sont réalisés par Yim Pil-sung, tandis que le segment central - et principal - est mis en scène par Kim Jee-woon, même si l’ensemble se rapproche souvent du cinéma de Bong Joon-ho d'ailleurs. "A Brave New World" adopte un ton burlesque pour manifester une épidémie qui transforme la population en mangeurs de chair. Les couleurs sont Pop, et de nombreux plans sur la nourriture s’intercalent puisque le virus voyage dans la chaîne alimentaire puis la salive. Le scénario dévie et s’éternise sur les débats politiques et l’opinion public ; de quoi rappeler le Covid-19, huit ans avant l’heure. Dans son deuxième métrage, "Happy Birthday", Yim s’étale jusqu’à l’absurdisme, sur un pitch digne de Le Quatrième Dimension. Un astéroïde à l’allure de boule de billard menace de heurter la Terre et force ainsi une famille à se réfugier une dizaine d’années dans un bunker souterrain, avant d’en émerger face à un concept cosmique improbable. Entre ces deux essais, Kim signe la fable métaphysique "The Heavenly Creature" où un robot suit les doctrines d’un temple bouddhiste jusqu’à acquérir une conscience philosophique et spirituelle – les moines le considèrent alors comme un bouddha. Porté par d’excellents VFX et une mise en scène feutrée en intérieur, le court porte sa réflexion sur la prolifération des robots pour remplacer tout être vivant, et captive de par son approche intimiste et réfléchie. On nous présente ainsi trois approches différentes d’un post-apocalypse imminent (le corps, l’esprit, la fatalité), avec pas mal de disparités tonales, mais qui donnent surtout l’impression de voir toutes les influences du cinéma de Yeon Sang-ho, bien avant qu’il s’établisse.