good kid, m.A.A.d city
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le 25 oct. 2015
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Et si on assistait, en cette fin 2015, à la naissance d’un mouvement ? Celle de l’inspiration cinématographique du Hip Hop des années 80 et 90, de ses codes, de ses attributs. Dope vient entériner un constat déjà bien vivace : un genre est né.
On avait commencé l’année avec Dear White People, une diatribe sur le racisme, l’éducation et la morale que n’aurait pas renié Spike Lee. Moins genré, plus grand public, l’excellent biopic N.W.A : Straight Outta Compton remet le couvert sous un visage certes débarrassé de certaines de ses thématiques les plus borderline, mais non moins plaisant.
On peut l’affirmer sans ciller : les milieux urbains des années 90 ont désormais assez de recul temporaire et de cinéastes qui ont vécu sous leurs sons et lumières pour s’exhiber fièrement sur pellicules. Le principe : effectuer un savant mélange entre références culturelles old school, et attitudes sociétales et individuelles actuelles. Un cinéma de réunion de valeurs, de questionnements, de paradoxes, toujours sous le signe de la coolitude. Mine de rien, en énonçant ce genre nouveau, on vient de résumer la portée de Dope.
Produit par Forest Whitaker (qui fait office de narrateur) et Pharrell Williams, Dope est un film urbain avant d’être un film Hip Hop. Dope, c’est avant tout un message pluriel, la réunion d’influences, la confluence de visions. Malcolm (Shameik Moore), Jib (Tony Revolori) et Diggy (Kiersey Clemons) sont trois lycéens geeks de la banlieue de Los Angeles, trois anomalies dans un monde binaire, où coexistent gros bras sportifs et gangs féroces. Dans la rue ou dans les couloirs du lycée, il n’existe aucun répit pour ces curieux, ces anachroniques, dont l’identité autant culturelle que sociale se rêve au milieu des années 90.
A zigzaguer entre les périls, là où « être au mauvais endroit, au mauvais moment peut vous être fatal », le conformisme ou les mauvaises notes ne sont plus les plus grands périls. La mort rôde aux côtés des espoirs nourris de grandes écoles. Sauf qu’au détour d’une énième fuite, Malcolm tombe nez à nez avec un dealer charismatique, Dom. Interprété par A$AP Rocky, dont la présence et le charisme à l’écran promettent une belle carrière cinématographique, il engraine notre jeune protégé vers les doux rêves du milieu : drogue, argent, et filles, bien sûr.
Sauf que la situation dérape. Le voilà en possession de plusieurs kilos de poudre, qu’il trimballe à son insu de la rue à l’école. Lorsqu’il découvre que le poids de son sac n’est pas uniquement le fait de ses livres de cours, il flippe. Mais qui pourrait donc bien accuser un geek ?
Il plaît à Rick Famuyiwa de cibler les Afro-Américains et la société qui les entoure. Sa filmographie parle pour lui. Cette fois, c’est sur la nouvelle génération que le cinéaste se concentre. Il en dresse un portrait tendre, quoiqu’un peu naïf. Si les quelques frasques propres aux comportements des lycéens sont parfois attendues, les personnages se construisent, comme bons adolescents qu’ils sont, de leurs erreurs. Avec des personnalités bien trempées, chacun avance, chacun joue son jeu. Logiquement, les parents sont absents de l’intrigue, puisqu’on nous présente nos héros comme parfaitement autonomes. Les rebondissements acidulés contrastent avec le risque de passer par la case prison – ou de terminer aux pompes funèbres.
Famuyiwa, dans sa quête de reconnaissance générationnelle, animé par les explosions de couleurs, de lumières et de musique, tend un peu trop à piper les dés. Grâce aux réseaux sociaux et au Darkweb, notre trio principal se tire de toutes les situations avec une aisance égale à leur candeur. On pardonne, puisque le film se réclame du conte, puisque le propos n’est pas là.
Dope, les personnages le deviennent en la vendant, à une autre facette de la génération, celle des suiveurs, des étiquetés, des spectateurs. La morale coup de poing finale édictée par Malcolm est témoin de l’unilatéralité d’un monde vu par un lycéen. Certes, les mots sont forts, mais dépouillé de sa forme, le message n’est pas si original. Créez, enrichissez, coûte que coûte, pour être considéré comme pair. Du Oprah dans le texte. Forcément évocatrice pour une génération bercée par l’immensité d’internet et la foule de références à puiser dans ses toiles, la morale sociale semble après réflexion plutôt convenue.
Malcolm, à grand renfort de verve et de détermination personnelle, arrivera à la panacée à l’américaine : le système privé. C’est peut être là qu’il y livrera ses premiers vrais combats lucides. C’est peut être là que Dear White People tape, lui, plus en profondeur dans son sujet.
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Créée
le 4 nov. 2015
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