Une drôle d’expérience que ce Double Take, à rapprocher de La Jetée pour son travail sur le temps et la voix off, comme de L'évaporation de l'homme pour son jeu avec le curseur posant une limite entre fiction et documentaire.
Le considérer comme une référence au génial roman photo de Chris Marker n'est pas anodin, et ne fait que nous enfoncer un peu plus dans la spirale du chignon de Kim Novak déjà si présente et vertigineuse au jardin des plantes d'avant la troisième guerre mondiale. Mais là où le film est vraiment plaisant c'est bien dans son utilisation de la voix d'Hitchcock, racontant une histoire l'ayant tellement traumatisé qu'elle lui fait oublier tout son humour pour n'être que factuel, mais toujours rythmée de manière si particulière.
Dès les premières images le procédé est posé, nous montrant le doubleur s’entraîner à imiter la voix du vieil Alfred, l'idée n'est donc pas de nous faire croire qu'il s'agirait de véritables enregistrements, d'un travail radiophonique oublié ou quelque chose du genre, mais bien de s'amuser à mélanger images d'archives le concernant, mais aussi de la baie des cochons. Le film s'amuse donc à nous mélanger devant le nez des éléments réels et fictifs, des éléments de la grande histoire et d'autres de l'histoire du cinéaste, un peu à la manière charlatanne d'un bonneteau, on commence par chercher où se trouve la fiction, puis l'histoire, puis on ne sais plus, finissant par un peu s'en foutre, tout en appréciant les qualités hypnotique de l'exercice.