Double Take par Gourgandine
Attention, ce film est une petite bombe. Entrer dans la salle les yeux écarquillés, l'esprit bien ouvert, tous les sens en alerte. Des centaines d'informations à la minute, un point de départ des plus percutants, une recherche passionnante. L'hyper-intellectualisation ne fait pas que mauvais, ce petit réalisateur, mais surtout monteur et scénariste, de génie nous le prouve. D'abord, le héros : Hitchcock, et son double, et son moi futur, et ses doubles, et ses sosies qu'on ne repère pas tous. Hitchcock comme héros et symbole de la perte d'identité, de la perte de repères, symbole de la double identité absolu. Un parallèle avec une histoire de schizophrénie politique, de paranoïa permanente, le monde qui se dédouble en deux personnalités distinctes et pourtant semblables : les Etats-Unis et l'URSS, dans la guerre froide. Deux personnalités du monde mises en parallèles ensemble, et en parallèle avec le dédoublement de personnalité du narrateur et héros : Hitchcock. Et puis le sujet majeur : la chute du cinéma, causée par la télévision, média schizophrène par excellence, un des enjeux de la Guerre Froide avec la conquête de l'espace. Impossible de suivre l'histoire en elle-même, puisque la télé, le « zapping », s'immisce partout, et même dans ce film.
Ce film est un petit bijou intellectuel et filmique, où rien n'est fait au hasard.
Je n'ai qu'une envie : le revoir, pour saisir encore une des milles petites subtilités qui conduisent au raisonnement.
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