Qui n'a pas été sage ?
Chaque année, avec les vacances de fin d'année, la télé nous vomit ses éternels films et téléfilms « de Noël », sirupeux de bons sentiments. Alors qu'une noble série de films qui pervertit...
le 24 déc. 2019
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À Noël, les allées des jardineries fleurent bon les sapins et les supermarchés vomissent des rayons de jouets par milliers. C'est l'occasion de nous ressortir une tripotée de films familiaux à la morale plus ou moins discutable, aux classiques de notre enfance et quelques mini-séries aux qualités variables. Dans cette opulence de sentiments mièvres, les fêtes de fin d'années ne sont pourtant pas de tout repos pour les serial-killers de tout poil et autres psychopathes dérangés du bulbe. Le slasher avait déjà joué la carte de Noël avec Black Christmas en 1974. Entre temps, les grands noms naissent (ou renaissent si l'on parle des suites) dans ce genre qui dispose d'un public amateur de massacres en tout genre et de plantureuses donzelles.
Si l'on retiendra la période pour Black Christmas, Douce nuit sanglante nuit s'attache à démystifier la bonne réputation du Père Noël. Les amoureux de la fête et les jeunes enfants seront grandement déçus en apprenant qu'il s'agit en réalité d'un psychopathe dérangé qui s'amuse à crier à tout-va « Châtiment ! » (et ce n'est pas le professeur Calys dans L'étoile mystérieuse) ou « Méchant ! Méchante ! », selon le sexe de la victime. La démarche sera reprise beaucoup plus récemment avec le déjanté Very bad santa. Mais vous l'aurez compris, on ne verra dans l'assassin de service ici présent un nouveau Michael Myers ou Jason Vorhees, malgré quatre suites à l'intérêt en chute libre.
Il est vrai que Billy manque cruellement de charisme avec son costume trop grand pour lui et sa barbe pendante. Toutefois, le film déroge à une règle du slasher dont peu s'en départissent : conserver le statut de victime. Là où l'on aurait pu s'attendre à une résurgence du psychopathe responsable de son malheur, l'histoire décrit progressivement le basculement et la névrose latente de son personnage principal qui l'humanise un peu plus que la plus plupart de ses concurrents dérangés. Revers de la médaille, ce choix entraîne une mise en place beaucoup trop laborieuse pour entrer dans le vif du sujet. Il faudra patienter plus de 40 minutes pour assister aux festivités.
Pendant cette interminable introduction, on distingue trois périodes précises : 1971, 1974 et 1984. Le film est déjà d'une durée assez restreinte (79 min), il ne reste plus beaucoup de temps pour le massacre. Pourtant, la seconde partie du métrage se rattrapera avec une certaine générosité dans la succession des meurtres. En moins de 20 minutes, l'on compte pas moins de 9 assassinats, et ce, de manière assez différente. Pendaison avec une guirlande électrique, hache, arc, coup de marteau bien placé, défenestration, empalement, décapitation... De ce côté, l'effort est réel pour nous offrir un spectacle varié et sans longueur.
Côté violence, on sera plus mitigé. Point d'hémoglobines à l'horizon pour contenter les mordus du gore, exception faite de quelques gerbes de sang trop furtives. Les hors-champ sont nombreux et surgissent toujours au plus mauvais moment. On ne peut donc pas apprécier pleinement le travail de ce Père Noël (ou Fouettard) qui est bien décidé à punir les méchants enfants (surtout grands, on laisse la morale sauve en épargnant les petits). On notera tout de même que les trucages s'avèrent corrects pour les années 1980 et vieillissent assez bien compte tenu d'un budget modeste.
Niveau casting, l'on a droit à une poignée d'inconnus qui ne perceront pas dans le milieu du cinéma. Si Billy a fait l'objet d'un soin tout particulier dans sa personnalisation, il en va tout autrement concernant la brochette de seconds couteaux peu loquaces. L'interprétation demeure au minimum syndical avec des expressions exagérées ou figées, des postures grotesques (surtout les flics) ainsi que des dialogues sommaires et des doublages français foireux. Les victimes ne laissent, quant à elles, pas un souvenir impérissable. Vites tuées, vites oubliées, elles font office de remplissage et rien d'autre.
En ce qui concerne l'ambiance de Noël, on a droit à un cadre de circonstance avec tous les artifices qui l'exigent. Décorations clinquantes, neige, façade garnie et intérieur propice à la chaleur, la convivialité et à la consommation. On véhicule les habituels messages inhérents à la fête sans jamais y déroger. La mise en scène se montre correcte malgré certaines ellipses au montage et les hors-champ cités précédemment. En somme, Charles Sellier ne fait pas d'étincelles avec sa caméra, mais propose un spectacle loin d'être dégueulasse comme certaines productions beaucoup plus récentes.
Au final, Douce nuit sanglante nuit ne percera pas au-delà d'un cercle de cinéphiles restreint. Il n'a pas laissé une empreinte marquante au fil du temps comme les ténors du slasher, sans doute la faute au manque de charisme de l'acteur principal. Si l'on excepte l'absence de sang, ainsi qu'une violence très édulcorée, ce premier opus somme tout modeste sera sans nul doute le meilleur de la saga. Il pallie ses défauts par la générosité des exécutions et de la variété des moyens mis à disposition pour Papa Noël. C'est bien ce que l'on demande pour un slasher (et non une histoire complexe et profonde), même si la progression demeure linéaire et attendue.
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Créée
le 9 janv. 2021
Critique lue 81 fois
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