Le premier désir
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Un film d'Almodovar à Cannes ! La belle aubaine pour le réalisateur espagnol qui n'a pas encore pu placer une palme d'or sur sa cheminée! Le bulldozer de la critique s'est mis en marche avant l'ouverture du festival, hurlant au chef d'oeuvre. Pedro a joué le jeu puisque des Cahiers ( du cinéma) à la moindre feuille de chou un peu branchouille, il a offert une grande interview. A longueur de colonnes, on a donc disséqué le film, oeuvre auto-biographique, forcément sensible et aux relents crépusculaire et testamentaire. On ne sait si le jury del senor Inarritu sera perméable à ce concert louanges surtout initié pour rameuter le plus de spectateurs possibles, mais il y a fort à parier que le soufflet risque de retomber bien vite une fois l'oeuvre vue en salle.
Avouons-le tout de suite, le maître espagnol qui avoue ne pas être très en forme physiquement, ne l'est pas non plus cinématographiquement parlant. Centré sur un réalisateur vieillissant et bourré de maladies chroniques ( donc en gros sur lui-même ), le film peine à intéresser. Certes au niveau de la mise en scène, on retrouve la patte du maître, son sens inoui des couleurs et sa façon inimitable pour jouer avec les graphismes divers et variés de ses décors. Ici, c'est un régal. Seulement il n'y a que ça ! Le reste se noie dans un va et vient peu convaincant entre passé et présent, dans des retrouvailles romanesques sans saveur, sans réelle émotion ( on notera quand même son éternelle appétence aux rebondissements de roman de gare, ici encore une fois présents). Bien sûr, la sobriété du jeu d'Antonio Banderas peut plaire ( même si son charisme est au diapason de ses polos au graphisme étudié). On peut aussi jouir du spectacle de la rayonnante Pénélope Cruz en mère du réalisateur ( qui bizarrement, vieille, a les yeux qui deviennent bleus!). Almodovar perd petit à petit sa main, jette un regard complètement gnangnan sur la vie de ce réalisateur ( comme la scène un poil ridicule de la découverte du corps nu d'un homme ), les retours sur son passé d'élève d'école catholique étaient nettement plus forts dans "La mauvaise éducation" , son rapport au sexe bien plus mordants dans.... tous ses films. Et ce n'est pas en injectant plusieurs de prise d'héroïne ( comme pour la vulgariser et la rendre inoffensive) qu'il nous convaincra qu'il est toujours dans le coup.
Joli à l'oeil, mais passablement rasoir, "Douleur et gloire" confirme la méforme du réalisateur espagnol, dont les petits bobos et les amours ou amitiés anciennes décrites dans le film n'ont que peu de saveur et n'intéressent que lui ( et sans doute la critique française).
https://sansconnivence.blogspot.com/
Créée
le 22 mai 2019
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