Simplicité spectaculaire

Réalisateur-poète, Jim Jarmusch n'impose pas, mais dépose son style unique et magnifique, appuyé par la photographie de Robby Müler, qui l'accompagna sur la première partie de sa carrière.

Down by law mérite un 1 sur 10, car en réalité il est juste une brique sur 10 de l'édifice Jarmuschien, qu'on pourrait qualifier de mosaïque.

Jarmush c'est un peu comme la comédie humaine de Balzac: c'est à dire une œuvre qui est une fresque et qui a un lien entre chaque fragment de cette dernière (mêmes acteurs, même chef opérateur, même chanteurs,...); mais c'est aussi dépouillé de tout réalisme Balzacien qui est remplacé par le charme Baudelairien.

Maintenant il nous faut parler de cette brique, car s'attaquer à l'édifice est bien trop long. Quand à elle, cette brique mérite bien son 10 sur 10 à elle seul.
Pur objet esthétique propre et unique au cinéma; pur théâtre Ionescien ouvert et fermé par la musique de Tom Waits; pur voyage dans la grisaille de la Nouvelle-Orleans; mais c'est aussi un film auquel on a reproché son absence complète de scénario au ressort naratif attractif et dramatique, je le comprends bien et le reconnais que cette absence peut déplaire à certains, tandis qu'elle me plait à moi et à d'autres. Mais comme le disait Bourdieu: "nos goûts sont des dégoûts", ce qui plaît à certains déplaît à d'autres, est-ce une question de classe ou de tempérament pour Down by law ?
Bref, je vous invite à le voir, si vous êtes un amoureux de l'Amérique du Sud, un amoureux de la photographie, un amoureux de la musique ou un amoureux du théâtre; mais si votre passion des histoires à montagnes russes n'est pas rassasiée, je vous invite aussi à souffrir poétiquement durant 1h45.