Après six saisons et des dizaines de millions de téléspectateurs conquis dans le monde entier, la famille Crawley est à nouveau rassemblée, mais cette fois-ci sur grand écran. Scénarisé par Julian Fellowes (également créateur de la série), le film Downton Abbey réuni l’ensemble de la distribution originale, de Hugh Bonneville à Elizabeth McGovern, en passant par Laura Carmichael, Allen Leech ou encore Penelope Wilton. Retrouver tous ces personnages est un vrai plaisir, d’autant plus que le film nous donne l’impression de ne jamais les avoir vraiment quittés en nous plongeant instantanément dans l’action et en réemployant les codes esthétiques de la série.
Retour à Downton donc, au moment où la famille Crawley s’apprête à recevoir le couple royal d’Angleterre, George V (Simon Jones) et son épouse Mary de Teck (Geraldine James). L’ensemble de la maison est à pied d’œuvre, mais cet événement grandiose ne tarde pas à faire grincer quelques dents, en particulier chez les domestiques du château voyant débarquer les arrogants serviteurs de leurs majestés. Anna (Joanne Froggatt), Bates (Brendan Coyle), Mrs. Hughes (Phyllis Logan) et leurs comparses vont devoir redoubler d’efforts afin de restaurer l’honneur de Downton Abbey. Dans le même temps, Lady Mary (Michelle Dockery) se rend compte que Barrow (Rob James-Collier), le nouveau majordome, ne semble pas à la hauteur de la tâche qui lui incombe, et demande donc à Carson (Jim Carter), l’ancien majordome, de reprendre du service. De son côté, la comtesse douairière (l’incomparable Maggie Smith) ne sait comment réagir face à la venue de Lady Bagshaw (Imelda Staunton), dame d’honneur de la reine Mary, avec qui elle est en froid à propos d’un héritage…
Même si les événements narrés font suite à ceux développés dans la série, le film Downton Abbey est suffisamment bien construit pour que les spectateurs n’étant pas familiarisés avec l’univers puissent suivre sans désagréments l’intrigue. Là est l’une des nombreuses qualités de ce long-métrage qui, de plus, réussit l’exploit de faire exister tous les personnages. Une tâche qui n’était pas des plus aisées mais qui fut magistralement accomplie. Chacun a son moment de gloire, à l’image de Mrs. Patmore (Lesley Nicol) agacée par la présence d’un chef cuisinier français, ou bien Mr. Molesley (l’excellent Kevin Doyle) très ému face au couple royal.
A ceci s’ajoute une mise en scène simple mais efficace, une photographie soignée et un casting des plus réussis. Mention spéciale à Maggie Smith qui, une fois de plus, dégaine avec panache des répliques assassines, avant de nous bouleverser à tout jamais dans l’une des dernières scènes du film. La série puisant sa force dans cet habile dosage entre humour et émotion, le long-métrage emploie donc la même recette avec succès, tout en incluant quelques instants de réflexion sur le temps qui passe et le monde en perpétuelle évolution.
Malgré les nombreuses qualités évoquées, il serait tentant de pinailler quelque peu en affirmant que le film de Michael Engler pêche çà et là par excès de bons sentiments. Ce reproche valait déjà pour les dernières saisons de la série dans lesquelles tout semblait être fait pour amener l’histoire progressivement vers un happy end. Mais après tout, cela n’a pas tellement d’importance, au sens où la recette de Downton Abbey a toujours été d’utiliser des ressorts scénaristiques assez simples mais suffisamment solides pour ne jamais lasser le spectateur et renouveler son intérêt.
Grâce à une magnifique partition musicale signée John Lunn, il y a de grandes chances pour que ce long-métrage touche au cœur les fans de la première heure. Et même s’il n’est pas un très grand film, l’œuvre d’un cinéaste de renom ou bien encore un chef d’œuvre allant marquer l’histoire du 7e art, Downton Abbey reste un long-métrage de qualité, qui n’a que la prétention de divertir, et qui le fait admirablement bien.