[Critique de la version désaturée du réalisateur.]
Effectivement, cette version désaturée est beaucoup plus approprié pour un film d'Universal rendant hommage au film de 1931 avec Lugosi tout en adaptant une pièce de théâtre sur Dracula.
Ce qui fait que l'histoire se passe entièrement en Angleterre autour de l'asile de Britby et de l'abbaye de Carfax. L'asile est géré par le Dr Harker et sa fille Lucy, fiancée à Jonathan qui doit vendre l'abbaye au mystérieux Comte Dracula, originaire de Transylvanie. Les ennuis commencent avec Mina Van Helsing, fille de Abraham Van Helsing, qui tombe soudainement malade après une visite de courtoisie du comte et meurt subitement ...
Comme vous l'avez sans doute remarqué, déjà le film échange Mina Harker avec Lucy Van Helsing, et il n'y a pas de scène en Transylvanie. Pour autant, le film commence très bien avec le navire du comte échoué près de Britby et libérant un magnifique et étrange loup gris (Dracula). Cette version est un intermédiaire parfait entre le film de 1931 et celui de Coppola en 1992.
On retrouve le même esprit à la fois gothique et épique, mais un comte sans fort accent mais avec autant de charisme et vivant dans une abbaye de Carfax abandonnée aux allures très castrales et transylvaniennes (en plus d'être recouvert de toiles d'araignées).
L'asile du Docteur Harker ressemble aussi à un fort, mais donc plus carré et à l'intérieur très bordélique et chaotique (les fous gambadent partout, hurlent et font des crises de démences, il y a même une femme et son bébé victime des vampires).
Du coup, c'est la fille de Van Helsing qui meurt et ce dernier est plus un père fou de chagrin qui veut venger sa fille plus qu'un chasseur de vampire. Mais il reste bon combattant des forces du mal, y compris quand il doit affronter la vampire la plus effrayante que j'ai vu dans toute ma culture cinéphile :
Des yeux et des dents acérées recouverts de sang, des vêtements en toile et lambeaux et une peau grise en décomposition. Le pauvre père doit tuer son enfant chérie à contre-cœur.
En parlant encore de couleurs, cette version du réal' reste superbement dominée par le gris, le jaune, le noir et rarement le rouge (pour le sang et pour une scène de séduction maléfique par Dracula). Pour le reste, Renfeld est aussi une victime plus qu'un complice du comte et Jonathan est plus proie de Lucy que du "Nosferatu" qui n'est pas mort.
Après c'est A Love Story entre Dracula et ses dames.
Lucy Harker se laisse envouter par Dracula et se défend violemment quand on essaye de l'empêcher de revoir le Comte. Elle lui permet d'ailleurs de s'échapper de son bateau quand Jonathan et Abraham l'expose au Soleil. Bien que vieilli en accéléré par le grand astre, il s'envole au loin et Lucy (même dévampirisée) est soulagée de voir son grand amour macabre éviter de perdre son immortalité.