We own the bite
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le 26 mars 2021
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Il arrive que l'on rentre en résonance avec un film, alors même qu'un visionnage le lendemain aurait sûrement changé la réception, selon l'humeur changeante du jour. Le Dracula de Browning rentre selon moi dans cette liste restreinte de films, tant il découle d'un minimalisme complètement déroutant. La réponse facile, c'est de cacher sa désorientation derrière des mots passe-partout comme kitsch ou has-been. Gardons-nous en.
Le film de Browning se situe plutôt quelque part entre expressionnisme et composition théâtrale de la scène américaine. D'une telle lenteur, que l'on semble suivre le cours d'une séance d'hypnose, dans cet équilibre bancal entre le muet et le parlant, aux côtés d'un Dracula en recul, à peine présent, ou plutôt n'imposant pas sa présence. C'est le vide, ces grands décors qui ne contiennent rien d'autre que des peurs enfantines, et ces yeux d'assassins jamais très loin qui viennent assaillir l'écran, le remplir, dévorant l'espace qui restait entre nous et le vampire.
Je crois réellement que le retard technique du film m'a touché, comme si le muet résistait encore un peu, livrant ses dernières forces. Puis Lugosi, dans son inadéquation tellement frappante, se révèle poignant et invente une nouvelle justesse de jeu : pris dans le décalage total de nos attentes. C'est tellement trop gros pour être vraisemblable que ça en devient fascinant, comme un combat entre deux cinéma, un chaînon manquant comme il y en a tant.
Ces quelques mots en attendant de le revoir, quand le charme aura peut-être d'ici-là disparu.
[20/02/17]
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Créée
le 26 avr. 2022
Critique lue 11 fois
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