Dracula père et fils est une comédie réalisé par Edouard Molinaro, écrit par Claude Klotz d’après son roman " Paris Vampire " sur une musique composée par Vladimir Cosma... Une parodie qui met en scéne deux Vampires, père et fils (joués par Christopher Lee et Bernard Menez) tous deux contraints de fuir leur château familial, a cause du régime communiste qui réquisitionne leurs biens... Mais suite a une séparation malencontreuse (les deux vampires devaient trouver refuge de l'autre côté du rideau de fer) le père débarque par accident sur les côtes de Grande-Bretagne, où il devint vedette de films d'épouvante, tandis que le fils échoue sur les côtes françaises où il subit de multiples déboires en tant que travailleur immigré... avant de se retrouver et de tomber amoureux de la même victime : Nicole Clément (jouée par Marie-Hélène Breillat) dont la ressemblance est avec Hermine Poitevin (jouée par (le future réalisatrice) Catherine Breillat... veritable soeur de l'actrice), la mère du jeune vampire...
Inscrit dans un contexte géopolitique propre aux années 1970, le scénario met ses héros vampires en position de réfugiés politiques venant de la Roumanie, « mère-patrie » de tous les vampires selon la légende, et depuis tombée aux mains des bolcheviques, ne leur constitue plus en effet un cadre très favorable, les forçant à s'expatrier. Le film s'attarde donc sur un commentaire critique du sort réservé aux travailleurs immigrés, automatiquement assimilés à des "parasites" (d'où peut-être une symbolique à tirer justement de cette image de « vampires »). Paradoxalement, la France, réputée « terre d'accueil », se montre ici la moins hospitalière : alors que le père, accostant par hasard en Grande-Bretagne, devient vedette de cinéma, le fils, débarquant sur une côte française, tombe dans la marginalité et souffre les pires humiliations.... A noter l'excellente interprétation de Gérard Jugnot en salaud de contre maitre d'usine raciste...
Jouant sur le même ressort comique qu'une précédente parodie de films de vampires avec Christopher Lee, Les temps sont durs pour les vampires (un film très moyen de 1959) de Steno, où le Comte était également confronté à une partie moins noble de sa famille, Dracula père et fils opte tout bonnement pour l'affrontement filial... Le Père veut séduire la jeune femme pour en faire sa victime et le fils lui, par amour... Le film d'Edouard Molinaro est une très agréable comédie beaucoup plus sociale que fantastique ou le mythe du vampire, est mis à mal par une ambiance contestataire et anti-traditionaliste... qui est a voir absolument.
A noter que contrairement au titre le nom de Dracula n'est jamais prononcé dans le film.