On a un peu trop tendance à oublier ce qui s'est passé, pour le mythe du vampire, avant qu'Anne Rice n'en fasse une icône lascive et maudite, ou que Stephenie Meyer nous refile des crevettes pailletées en guise de minets. Il paraît même que pour certains, l'interprétation cuir et latex de Len Wiseman et Kate Beckinsale n'aurait jamais existé... Etrange...
Avant tout cela, le vampire, c'était, entre autre, l'immense Christopher Lee qui tournait pour la mythique firme Hammer, comme pour ce Dracula : Prince des Ténèbres, déjà le troisième film du studio consacré au personnage. Et un retour aux sources pour l'acteur fétiche, qui n'avait plus joué le personnage depuis longtemps.
Rien de nouveau cependant sous le soleil dans l'exécution du film, toujours avec Terence Fisher à la manoeuvre. Le film est un classique routinier inaltérable du gothique poudré, où le rouge du sang est d'un rouge étincelant et, avouons-le, certaines réactions des victimes du comte un peu inexplicables.
Mais le pouvoir d'attraction du mythe joue toujours à plein, avec un Christopher Lee convainquant de la réalité de la menace par sa seule présence animale, mutique et immortelle. Ses attaques sont pour le moins convaincantes, flanqué d'un homme de main pour le moins inquiétant et charismatique. Quant aux décors classiques de la campagne transylvanienne et le château, ils sont aussi au rendez-vous. Tout comme la superbe musique de James Bernard.
Et si Van Helsing ainsi que toute trace de romantisme ont désormais disparu, il reste l'efficacité de la représentation du mythe du vampire, la beauté des intérieurs du château, l'action classique et bienvenue, ainsi que le soupçon d'érotisme permettent d'assurer la bonne facture de l'ensemble, au détriment, certes, d'une quelconque originalité.
Mais l'essentiel est là, tout comme le savoir faire de Fisher, dont la sobriété apparente cache quelques jolis mouvements de caméra et souligne l'efficacité de sa mise en scène. Tout cela au service d'un récit qui fonctionne à merveille, pourvu de quelques petites touches décalées faisant plaisir à voir.
Certainement pas le plus abouti des films de la Hammer, Dracula, Prince des Ténèbres est pourtant un divertissement exquis, culminant dans une séquence finale plutôt originale dans la manière de se débarrasser de l'engeance, qui continue de hisser son comte comme une des plus séduisantes figures de l'épouvante gothique.
Behind_the_Mask, qui ne chantera plus du Guy Béart de sitôt...